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Ainsi, sur l'âme humaine, divergence complète dans les investigations de nos penseurs. Peut-être que, sur les dieux, sur le monde, ils pourront proclamer la vérité? Hélas ! moins encore. Les dirai-je esprits forts, ou atteints de délire ? Quoi ! ils ignorent leur âme, et ils voudraient scruter l'essence divine! Leur propre corps est pour eux une énigme, et ils se fatiguent à sonder le mystère de la nature ! Si du moins ils s'accordaient sur les causes premières !
Voici l'école d'Anaxagore rentrons. « L'Intelligence, nous dit-il, principe, cause, règle suprême, a substitué l'ordre au désordre, le mouvement à l’immobilité, dissipé le chaos, semé la beauté sur les déserts. »—Ce magnifique langage me rend l'ami du maître, son disciple fervent.
Mais vis-à-vis sont assis Mélissos et Parménide : celui-ci chante en vers harmonieux l'unité de l'être, son éternité, son infini, son perpétuel repos, son homogénéité. — Me voilà, je ne sais comment, tourné vers cette doctrine : Parménide a détrôné Anaxagore.
Lorsque je crois mes idées bien arrêtées, Anaximène se présente et crie : « Moi, je t'affirme que le grand Tout, c'est l'air. Condensé, l'air devient eau ; raréfié, substance éthérée et feu; rendu à son premier état, air pur. Recommence-t-il à s'épaissir ? il parcourt de nouveau le cercle de ses changements. » — Comment ne pas admettre cette théorie? Vive Anaximène !
