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Non-seulement les prophètes ont annoncé que le Christ serait homme, ils ont aussi prédit les circonstances de son avènement. Jésus-Christ ne devait pas, à son approche, lancer la foudre et les éclairs, secouer la terre, ébranler les cieux, accomplir d'épouvantables prodiges. Sans bruit et à l'insu de tous il a vu le jour dans la demeure d'un artisan, dans une obscure boutique. David l'a su et il l'a prédit, écoutez ses paroles : Il descendra comme la pluie sur la toison (Ps. LXXI, 6) : frappante image de son avènement tranquille et paisible ! C'est peu; écoutez encore un autre prophète dire la douceur, la mansuétude de sa conversation avec les hommes. Les injures, les crachats, les outrages, l'ignominie, la flagellation, le supplice de la croix enfin, il a tout supporté avec patience et douceur, il n'a tiré vengeance d'aucun de ces crimes, ni des opprobres, ni des embûches, ni de la fureur insensée, ni des attentats de ce peuple; or, tous ces faits, le Prophète les rappelle : Il ne brisera pas le roseau cassé, dit-il, et il n'éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu'à ce qu'il rende son jugement pour le triomphe de la vérité; et les nations mettront en lui leur espoir.
Un autre prophète indique de la sorte le lieu de sa naissance : Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n'es pas la plus petite entre les principales villes de Juda, car de toi sortira le chef qui conduira Israël mon peuple, et dont la génération est dès le commencement, depuis les jours de l'éternité. (Mich. V, 2.) Ce prophète nous prouve tout à la fois et la divinité du Christ et son humanité. Par ces paroles : Sa génération est dès le commencement, depuis les jours de l'éternité, il montre que son existence est avant les siècles, et par ces autres De toi sortira le chef qui conduira Israël mon peuple, il marque sa génération selon la chair. Mais ici encore brille une autre prophétie. Non-seulement Jésus-Christ naîtra, mais le lieu où il prendra naissance, chétive bourgade jusque-là, deviendra une ville illustre. C'est le même prophète qui le dit : Tu n'es pas la plus petite (370) entre les principales villes de Juda. Maintenant en effet, le monde entier accourt voir Bethléem où Jésus-Christ a été déposé à sa naissance, et aucune autre cause n'y attire.
Le temps de son avènement a aussi été annoncé par un autre prophète : Il ne cessera d'y avoir un prince de Juda, ni un chef de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui qui doit venir, et celui-là même sera l'attente des nations ;il attachera son ânon à la vigne, et ait tendron de la vigne, le petit de son ânesse; il lavera sa robe dans le vin, et son manteau dans le sang dit raisin; ses yeux ont plus de charme que le vin, et ses dents sont plus blanches que le lait. (Gen. XLIX, 10-12.) Considérez l'admirable accomplissement de cette prophétie. Lorsque Jésus-Christ vint, il n'y avait plus de princes de Juda, la nation était sous le sceptre des, Romains; ainsi s'accomplissait ce que dit le Prophète : Il ne cessera d'y avoir un prince de Juda ni un chef de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui qui doit venir, paroles qui conviennent parfaitement à Jésus-Christ. A sa naissance, en effet, et au -temps de ce premier dénombrement, les Romains dominaient sur la nation des Juifs et les avaient assujettis au joug de leur empire. Ces autres paroles ont aussi leur signification : Et il sera !'attente des nations ; ce qui est arrivé, puisque, à sa venue, il a attiré toutes les nations.
Après sa naissance, Hérode, pour l'atteindre, devait mettre à mort tous les enfants qui étaient à Bethléem et aux environs. Ce fait n'a pas été omis par les prophètes, voici en quels termes il est annoncé longtemps d'avance : Une voix a été entendue dans Rama; c'étaient des gémissements, des pleurs et de grands cris; Rachel pleurait ses enfants et ne voulait pas de consolation, parce qu'ils ne sont plus. (Jérém. XXXV, 15.) Son retour de l'Égypte a été pareillement annoncé par ces paroles : J'ai rappelé mon fils de l'Égypte. (Osée, XI, 1.) Il devait venir dans des contrées célèbres, il devait y accomplir des miracles et y répandre sa doctrine. Cette circonstance a été également prédite ; écoutez ce que dit Isaïe : Le pays de Zabulon, la terre de Nephthali, peuple assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière; le jour s'est levé sur ceux qui étaient assis dans les ténèbres et assis dans l'ombre de la mort. (Is. IX, 1.) Ainsi est annoncée sa présence dans ces contrées, et son enseignement dont les auditeurs voient la preuve dans les prodiges qu'il accomplit. Le même prophète rapporte encore d'autres miracles, et nous le montre guérissant les boiteux, rendant la vue aux aveugles et la parole aux muets : Alors, dit-il, seront ouverts les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds entendront. (Is. XXXV, 5.) Puis il ajoute : Le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des bègues sera déliée (Ibid. 6) ; ce qui ne s'était jamais vu avant son avènement.
Il est même quelques miracles dont les écrits prophétiques font une mention particulière. Ainsi Jésus-Christ entra un jour dans le temple, et les enfants à la mamelle dont la bouche ne profère encore que des sons confus, chantèrent en son honneur des hymnes sacrées et s'écrièrent : Hosanna au plus haut des cieux! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! (Matth. XXI, 9.) Longtemps à l'avance le Prophète avait ainsi prédit ce miracle : De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle vous avez tiré une louange parfaite, pour confondre votre ennemi et celui qui cherche la vengeance. (Ps. VIII, 3.) Admirez comment la nature se fait violence à elle-même pour louer son auteur, et comment l'innocence de cet âge où l'on ne peut encore articuler les sons se charge de la prédication apostolique ?
