4.
Ecoutez toutes les sages paroles de l'Ecriture au sujet de Job. Ecoutez aussi saint Paul « Pleurer », dit-il, « avec ceux qui pleurent », et: « Condescendre à la faiblesse ». (Rom.XII, 15,16.) Partager les chagrins des autres c'est un bon moyen d'y remédier. Quand un homme porte un pesant fardeau, si vous l'aidez vous le soulagez d'autant; il en est de même des fardeaux de l'âme. Quand nous perdons quelqu'un des nôtres, nous ne manquons pas de gens qui nous consolent. Qu'une bête de somme vienne à tomber, nous la relevons, et quand ce sont les âmes de nos frères qui tombent, nous passons avec indifférence. Si nous voyons notre prochain entrer dans un mauvais lieu, nous ne lui barrons point le passage. Si nous le voyons s'enivrer, ou faire n'importe quelle autre action déshonnête, nous ne l’empêchons pas, au contraire, nous faisons comme lui. « Non-seulement », dit saint Paul, « ils font les mêmes choses, mais encore ils approuvent ceux qui les font ». On s'associe pour boire et s'enivrer. Associez-vous, ô hommes, mais que ce soit pour proscrire la folie de l'ivresse. Associez-vous pour secourir les captifs et les infortunés. Saint Paul recommandait la même chose aux Corinthiens, en leur disant de faire des collectes pour les pauvres. (I Cor. XVI, 2.) Mais aujourd'hui nous faisons tout en commun pour l'ivresse, les délices et la volupté, lit commun, table commune, vin commun, dépense commune : mais l'aumône, personne ne s'associe pour la faire. C'est ce qu'on aimait à faire au temps des apôtres , les fidèles mettaient en commun tout ce qu'ils possédaient. Je ne vous commande pas de tout mettre en commun ce que vous avez, mais seulement une portion. « Que chacun », dit l'apôtre, « mette de côté, le dimanche, ce qu'il pourra donner ». (Ibid.) C'est-à-dire, que chacun paie comme un tribut, pour les sept jours de la semaine, et donne l'aumône plus ou moins généreusement. Car en agissant de la sorte « vous ne paraîtrez pas les mains vides devant le Seigneur ». (Exod. XXIII, 15.) Si l'on recommandait cela aux juifs, à plus forte raison doit-on le recommander aux chrétiens. Des pauvres se tiennent à l'entrée- de nos églises afin que personne n'y entre les mains vides, mais pleines d'aumônes distribuées. Vous entrez ici pour obtenir la pitié , ayez d'abord pitié vous-même de votre prochain. Qui entre plus tard doit davantage. Lorsque nous aurons commencé à nous acquitter, celui qui se présentera ensuite aura davantage à donner. Faites de Dieu votre débiteur; puis ensuite priez-le. Prêtez d'abord, puis réclamez et vous recevrez capital et intérêts. C'est là ce que Dieu désire, loin qu'il s'y refuse. Si vous l'implorez par l'aumône il vous en (356) sait gré. Faire l'aumône, c'est prêter à intérêt. Faites ainsi, je vous y exhorte. Il nie suffit, pas de tendre ses mains pour être exaucé. Tendez vos mains, mais vers:les mains de vos frères plutôt encore que vers le ciel. En tendant votre main vers les mains des, pauvres, vous atteignez au plus haut du ciel: Car c'est celui qui trôné là-haut qui reçoit l'aumône. Tendre ses mains vides, c'est les tendre inutilement. Dites-moi, si le roi s'approchant de vous revêtu de la pourpre , vous demandait quelque chose, ne, lui donneriez-vous pas aussitôt tout ce que vous possédez? Maintenant ce n'est pas un rai de la terre, mais le roi du ciel qui vous implore par la voix des pauvres, et vous, l'accueillez par le dédain, et tout au moins vous hésitez à donner ! Quel châtiment ne méritez-vous pas ? Il ne dépend pas de l'élévation de nos mains ni de la multitude de nos paroles que,nous soyons. exaucés, mais de nos bonnes oeuvres. Ecoutez, le Prophète vous dire : « Lorsque vous élèverez vos mains, je détournerai de vous mes yeux, et si vous multipliez vos prières, je ne vous écouterai point ». (Isaïe, I,. 15.) Au lieu, de se. taire et de ne pas même oser regarder le ciel, le pécheur parle souvent avec beaucoup de confiance et longuement. « Mais » dit Dieu parle même prophète, « jugez en faveur de l'orphelin et de l'opprime, faites justice à la veuve, et apprenez à faire le bien ». C'est ainsi que, nous pourrons être exaucés sans avoir même besoin d'élever nos mains, de rien dire, de rien demander. Efforçons-nous donc d'agir ainsi, afin que nous obtenions les biens qui nous sont promis. Ainsi soit-il.
