3.
E. Maintenant je suis d'avis qu'il y a deux sortes d'instructions; par l'une on nous apprend à faire le bien, par l'autre, à commettre le mal. Tout à l'heure lorsque tu m'as posé cette question: l'instruction est-elle un bien,? j'étais préoccupé par l'amour même du bien, je n'avais en vue que l'instruction qui nous apprend à bien faire, et c'est de celle-ci que j'ai dit dans ma réponse: elle est un bien. Maintenant je m'aperçois qu'il y en a une autre; j'affirme sans aucune espèce de doute, que celle-là est un mal; et je te demandé qui en est l'auteur. — A. Admets-tu au moins que l'intelligence soit un bien sans mélange? — E. Pour cela, je l'admets pleinement; je ne vois pas ce qu'on pourrait trouver dans l'homme de meilleur que l'intelligence; et il ne me paraît pas possible de dire qu'aucune intelligence puisse être mauvaise, à aucun point de vue. — A. Eh bien ! quand on instruit un homme, s'il n'a pas l'intelligence de ce qu'on lui enseigne, pourras-tu dire qu'il s'instruit véritablement? — E. Je ne le pourrai. — A. Alors, si d'une part toute intelligence est bonne, si de l'autre personne ne s'instruit sans intelligence, il s'ensuit que quiconque s'instruit, fait bien; car celui qui s'instruit, comprend, et celui qui comprend , fait bien. Donc, chercher l'auteur de notre instruction , c'est chercher l'auteur par qui nous faisons le bien. N'essaie donc plus de trouver je ne sais quel docteur mauvais. S'il est mauvais, il n'est pas docteur; et s'il est docteur, il n'est pas mauvais.
