4.
Mais au lieu de dire: Pourquoi a-t-il plu à Dieu tout-à-coup de faire le ciel et la terre ?il en est peut-être qui ôtent le mot « tout-à-coup » et disent seulement : Pourquoi a-t-il plu à Dieu de faire le ciel et la terre? Car nous ne disons pas que ce monde est aussi ancien que Dieu n'ayant pas la même éternité que lui. En effet Dieu a fait le monde, et si les temps ont commencé avec cette création qui est l'oeuvre de Dieu, c'est pour cela qu'ils sont appelés temps éternels. Ils ne sont point cependant éternels comme Dieu l'est, puisque Dieu est avant eux, lui qui en est l'auteur. Ainsi toutes les choses que Dieu a faites sont très-bonnes, sans être aussi bonnes que lui, car il est Créateur et elles sont créatures. Il ne les a pas non plus engendrées de lui-même pour leur donner son être, mais il les a tirées du néant polar qu'elles ne fiassent égales ni à Celui par qui elles ont été faites, ni à son Fils par le moyen de qui elles ont été faites : ce qui est de toute raison. Si donc ces hérétiques viennent nous dire: Pourquoi a-t-il plu à Dieu de créer le Ciel et la terre? il faut leur répondre qu'avant de chercher à connaître ce qui regarde la volonté de Dieu, ils doivent d'abord s'instruire des propriétés de la volonté humaine: Ils veulent savoir les causes de la volonté de Dieu, quand la volonté de Dieu est elle-même la cause de tout ce qui existe ! Si la volonté de Dieu a une cause, il y a donc quelque chose qui précède la volonté de Dieu, ce qu'il est impossible de croire; et à qui demande : Pourquoi Dieu a fait le ciel et terre, il faut répondre : parce qu'il l'a voulu. La volonté de Dieu est en effet la cause du ciel et de la terre. C'est pourquoi elle est supérieure au ciel et à la terre. Or demander en vertu de quelle cause Dieu a voulu créer le ciel et la terre, c'est chercher un objet plus grand que la volonté de Dieu. Où le trouver? Que l'homme sache donc réprimer en soi une curiosité téméraire; qu'il s'abstienne de rechercher ce qui n'est point, s'il veut trouver ce qui est. Et si on désire connaître la volonté de Dieu qu'on devienne l'ami de Dieu. Car qui prétendrait savoir la volonté d'un homme s'il n'en était l'ami ? Tous riraient de cette impudence, de cette folie. Mais, pour devenir l'ami de Dieu, il faut des moeurs très-pures et être arrivé à cette fin dont l'Apôtre dit : « La fin du précepte est la charité qui vient d'un coeur pur, d'une bonne conscience et d'une foi sincère 1 . » Avec ce trésor les malheureux que nous combattons ne seraient pas hérétiques.
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Timoth. I, 5. ↩
