3.
Augustin. Vous transportez la question ailleurs, quand je veux rester sur le terrain de la foi. Quant à vos mœurs, elles sont parfaitement connues de vos initiés, mais vous savez que je n'ai jamais été qu'auditeur parmi vous. Il est vrai, comme vous l’avez dit, que j'ai assisté à votre prière; en avez-vous une autre qui vous soit particulière, Dieu seul le sait et vous aussi. Toutefois, dans la prière à laquelle j'ai assisté, je n'ai rien vu de contraire à la décence ; mais j'ai pu remarquer et me convaincre qu'il y avait quelque chose de contraire à la foi, ne fût-ce que l'obligation de vous tourner en face du soleil pour prier. Voilà tout ce que j'y ai remarqué d'insolite. Si donc on veut vous questionner au sujet de vos mœurs, c'est aux initiés qu'il faut s'adresser, car je ne puis savoir ce qui se passe entre eux. On m'a dit, par exemple, que vous recevez souvent l'Eucharistie ; à quel moment? que recevez-vous? je l'ignore absolument. Ainsi donc, je vous en prie, réservez la question des moeurs, pour la traiter entre vos initiés, si toutefois elle peut être discutée. Quant à votre foi, elle m'a été confiée par vous, et je la désapprouve aujourd'hui. C'est donc là le seul point que je veux traiter; c'est sur ce terrain que je vous prie de me répondre.
Fortunat. Nous enseignons que Dieu est incorruptible, lucide, inaccessible, insaisissable, impassible, qu'il habite une lumière éternelle et particulière à lui seul; qu'il ne tire de lui rien de corruptible, ni les ténèbres, ni les démons, ni satan ; que dans son royaume on ne peut rien découvrir qui lui soit opposé. Nous professons qu'il a envoyé un Sauveur semblable à lui-même, le Verbe né dès l'établissement du monde, au moment où il créait le monde, et qui est venu parmi les hommes après la création de l'univers; qu'il s'est choisi des âmes dignes de sa sainte volonté, sanctifiées par ses célestes préceptes, toutes remplies, de la foi et de la connaissance des choses divines. Nous croyons que, sous sa conduite, ces mêmes âmes rentreront de nouveau dans le royaume de Dieu, conformément à la promesse qu'il en a faite : « Je suis la voie, la vérité et la porte », et « personne ne peut venir à mon Père si ce n'est par moi ». Nous croyons dès lors, qu'aucun autre médiateur ne peut mériter à ces âmes de rentrer dans le royaume de Dieu; c'est lui qu'elles doivent trouver, car lui seul est la voie, la vérité et la porte. Il a dit aussi: « Celui qui me voit, voit mon Père1 » ; « celui qui croira en moi, ne mourra jamais, mais il passe de la mort à la vie, et il ne viendra pas en jugement2 ». Telle est notre foi, et la vie de notre foi c'est d'accomplir ses commandements de toutes les forces de notre âme, nous attachant à la croyance de cette Trinité, du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.
