CHAPITRE II. D'UN MINISTRE PERFIDE, RECOIT-ON LA FOI OU LA SOUILLURE DU PÉCHÉ?
3. En vertu de quel principe celui qui reçoit le baptême sera-t-il purifié, lorsque la conscience du ministre est souillée, mais souillée de crimes absolument secrets? En effet, Pétilien ne va-t-il pas jusqu'à dire : « Celui qui reçoit la foi par le ministère d'un homme perfide, ce qu'il reçoit, ce n'est point la foi, mais une véritable culpabilité? » Eh bien ! voici un ministre perfide, mais celui qui se présente au baptême ignore cette perfidie ; que pensez-vous donc qu'il va recevoir ? Est-ce la foi? Est-ce une véritable culpabilité? Si vous vous prononcez pour la foi, vous admettez donc qu'on peut recevoir la foi par l'organe d'un ministre perfide, et alors, il est parfaitement faux de dire : « Celui qui reçoit la foi par le ministère d'un homme perfide, ce qu'il reçoit, ce n'est point la foi, mais une véritable culpabilité ». Nous venons de voir, en effet, que l'on reçoit la foi par l'organe d'un homme perfide, pourvu qu'on ignore sa perfidie. L'auteur ne dit pas : Celui qui reçoit la foi par l'organe d'un homme manifestement perfide ou connu comme tel; mais simplement: « Celui qui reçoit la foi par l'organe d'un ministre perfide, ce qu'il reçoit, ce n'est point la foi, mais une véritable culpabilité » ; proposition évidemment fausse quand cette perfidie du ministre est absolument inconnue. Mais si Pétilien répond qu'un ministre dont la perfidie est absolument inconnue communique, non pas la foi, mais le péché; ne met-il pas les Donatistes dans la nécessité de rebaptiser tous ceux qui ont reçu le baptême par l'organe de ces ministres dont les crimes étaient restés longtemps inconnus avant qu'ils ne tombassent dans le domaine de la publicité et ne fussent frappés d'une condamnation solennelle?
