I.
J'ignorais parfaitement à quelle époque mes écrits parviendraient à votre connaissance, mais j'étais assuré qu'un jour ou l'autre ils vous arriveraient. Les vôtres ne me sont également parvenus que longtemps après leur publication, mais enfin ils me sont parvenus. C'est donc là ce que vous avez cru devoir me répondre, pour mettre à néant la courte réfutation que j'avais faite de la doctrine de Pétilianus. Cet évêque de Cirté avait tenté de justifier la réitération du baptême, et déversé sur notre communion des accusations aussi peu fondées qu'elles étaient méchantes et imprudentes. J'ai dû protester, et si ma réplique a été si restreinte, c'est que je n'avais alors entre les mains que la première et la plus courte partie de sa lettre. Pourquoi s'en étonner, puisque nous n'avons pas hésité un seul instant à présenter une réfutation complète aussitôt que la lettre tout entière nous eut été remise? Si donc je laissais sans réponse la lettre que vous m'avez adressée, vous vous croiriez insulté ; et, d'un autre côté, en vous répondant ne vais-je point passer à vos yeux pour un ami de la chicane? Mais avant de m'accuser, n'oubliez pas que ma première lettre ne vous était point adressée ; et cependant, parce qu'elle s'attaquait à l'un de vos évêques donatistes, ou plutôt au Donatisme lui-même, à peine l'aviez-vous lue que, fort de vos talents, vous entrepreniez de la réfuter, quoique aucune fonction de la cléricature ne vous y obligeât, et uniquement parce que vous êtes en communion avec lui. Voudriez-vous donc que, malgré ma charge épiscopale, je gardasse le silence avec vous ou avec Pétilianus quand il attaque l'Eglise dont je suis le défenseur, tandis que vous auriez le droit, en pareille circonstance, de m'écrire nominativement et de m'adresser votre réfutation ?
