4.
Et puis, combien de pages des saintes Lettres ne sont pas consacrées par Dieu à formuler ses préceptes et à en ordonner l'accomplissement? Pourquoi donc ces commandements, si l'homme n'est pas doué du libre arbitre? Pourquoi donc, avec le Psalmiste, proclamer bienheureux celui qui a mis sa « volonté dans la loi du Seigneur1?» N'est-ce pas clairement indiquer que c'est par sa volonté que l'homme s'attache à la volonté de Dieu? Et tous ces préceptes dans lesquels mention formelle nous est faite de la volonté
« Ne veuillez pas vous laisser vaincre par le mal2 ; ne veuillez pas devenir comme le cheval et le mulet, qui n'ont pas d'intelligence3; ne veuillez pas repousser les conseils de votre mère4; ne veuillez pas être sage à vos propres yeux; ne veuillez pas déchoir de la discipline du Seigneur; ne veuillez pas négliger la loi ; ne veuillez pas refuser l'aumône au pauvre; ne veuillez pas inventer le mal contre votre ami5; ne veuillez pas regarder une femme trompeuse6; il n'a pas voulu comprendre dans la crainte de bien faire7; ils n'ont pas voulu recevoir la discipline8». Enfin, tant d'autres passages semblables de l'Ancien Testament, que prouvent-ils autre chose, si ce n'est l'existence du libre arbitre de la volonté humaine? Cette même preuve jaillit non moins éclatante des Evangiles et des écrits apostoliques : « Ne veuillez pas vous amasser des trésors sur la terre9 ; ne veuillez pas craindre ceux qui peuvent tuer le corps10 ; celui qui veut venir à ma suite, qu'il se renonce lui-même11; paix sur la terre aux hommes de bonne volonté12 ». Ecoutons maintenant l'apôtre saint Paul : « Qu'il fasse ce qu'il veut, il ne pèche pas s'il se marie; mais celui qui, n'étant engagé par aucune nécessité, et se trouvant en plein pouvoir de faire ce qu'il voudra, prend une ferme résolution dans son coeur, et juge en lui-même qu'il doit conserver sa fille vierge, celui-là fait une bonne oeuvre13 ; si, le voulant, je le fais, j'obtiens la récompense14 ; soyez sobres, et ne veuillez pas pécher15; que l'esprit soit prompt à accomplir comme il est prompt à vouloir16 ; après avoir vécu dans les délices depuis leur baptême, elles veulent se marier17; tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ, souffriront persécution18; ne veuillez pas négliger la grâce qui est en vous19; que le bien que vous faites ne vous soit point inspiré par la nécessité, mais par la volonté20 ». Enfin, s'adressant aux serviteurs, il les avertit « de servir leurs maîtres avec coeur et avec une bonne volonté21». Saint Jacques écrit également : « C'est pourquoi, mes frères, ne veuillez pas vous tromper, et ne veuillez pas avoir la foi de Notre-Seigneur Jésus-Christ en faisant acception des personnes22; ne veuillez pas vous déchirer les uns les autres23 ». Saint Jean nous dit dans son épître: « Ne veuillez pas aimer le monde24 »; et le reste. Ces sortes de formules: Ne veuillez pas ceci, ne veuillez pas cela ; ces préceptes divins dans lesquels le législateur exige formellement le concours de la volonté humaine pour en assurer l'accomplissement , tout cela ne prouve-t-il pas assez clairement l'existence du libre arbitre? Celui qui pèche ne doit donc s'en prendre qu'à lui-même, et non pas à Dieu. De même, celui qui agit selon Dieu né doit pas oublier que sa propre volonté a concouru pour sa part à l'accomplissement de cette bonne oeuvre. Ne faut-il pas qu'une action soit volontaire, pour que l'on puisse la dire bonne, et pour que l'on puisse en espérer la récompense pense de la bonté de Celui dont il est dit qu' « il rendra à chacun selon ses oeuvres25? »
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Ps. I, 2. ↩
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Rom. XII, 21. ↩
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Ps. XXXI, 9. ↩
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Prov. I, 8. ↩
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Id. III, 7, 11 , 27, 29. ↩
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Id. V, 2. ↩
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Ps. XXXV, 4. ↩
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Prov. I, 20. ↩
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Matt. VI, 19. ↩
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Id. X, 28. ↩
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Id. XVI, 24. ↩
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Luc, II, 14. ↩
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I Cor. VII, 36, 37. ↩
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Id. IX, 17. ↩
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Id. XV, 31. ↩
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II Cor. VIII, 11. ↩
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I Tim. V, 11. ↩
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II Tim. III, 12. ↩
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I Tim. IV, 14. ↩
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Philém. 14. ↩
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Eph. VII, 6. ↩
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Jacq. II , 1. ↩
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Id. IV, 11. ↩
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I Jean, II, 15. ↩
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Matt. XVI, 27. ↩
