Edition
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De Testimonio Animae
II.
[1] Non placemus deum praedicantes hoc nomine unico unicum, a quo omnia et sub quo uniuersa. Dic testimonium, si ita scis. Nam te quoque palam et tota libertate, qua non licet nobis, domi ac foris audimus ita pronuntiare, "quod deus dederit", et, "si deus uoluerit". Ea uoce et aliquem esse significas et, omnem illi confiteris potestatem, ad cuius spectas uoluntatem, simul et ceteros negas deos esse, dum suis uocabulis nuncupas, Saturnum, Iouem, Martem, Mineruam. Nam solum deum confirmas quem tantum deum nominas, ut, cum et illos interdum deos appellas, de alieno et quasi pro mutuo usa uidearis. [2] De natura quoque dei, quem praedicamus, nec te latet. "Deus bonus", "deus benefacit" tua uox est. Plane, adicis, "sed homo malus", scilicet contraria propositione oblique et figuraliter exprobrans ideo malum hominem, quia a deo bono abscesserit. Etiam, quod penes deum bonitatis et benignitatis omnis benedictio inter nos summum sit disciplinae et conuersationis sacramentum, "benedicat te deus" tam, facile pronuntias quam Christiano necesse est, at cum in maledictum conuertis benedictionem dei, perinde dicto omnem super nos potestatem eius consistere secundum nos confiteris. [3] Sunt qui etsi deum non negent, dispectorem plane et arbitrum et iudicem non putent, in quo utique nos maxime reiciunt, qui ad istam disciplinam metu praedicati iudicii transuolamus, sic deum honorantes, dum curis obseruationis et molestiis animaduersionis absoluunt, cui ne iram quidem adscribunt. Nam si deus, inquiunt, irascitur, corruptibilis et passionalis est: porro quod patitur quodque corrumpitur etiam interitum potest capere, quem deus non capit. [4] At idem alibi animam diuinam et a deo conlatam confitentes cadunt in testimonium ipsius animae retorquendum aduersus opinionem superiorem. Si enim anima aut diuina aut a deo data est, sine dubio datorem suum nouit, et si nouit, ubique et timet, et tantum postremo ad auctorem. [5] An non timet quem magis propitium uelit quam iratum? Unde igitur naturalis timor animae in deum, si deus non nouit irasci? Quomodo timetur qui nescit offendi? Quid timetur, nisi ira? Unde ira, nisi ex animaduersione? Unde animaduersio, nisi de iudicio? Unde iudicium, nisi de potestate? Cuius potestas summa, nisi dei solius? [6] Hinc ergo tibi, anima, de conscientia suppetit domi ac foris nullo irridente uel prohibente praedicare, "deus uidet omnia", et "deo commendo", et "deus reddet", et "deus inter nos iudicabit". Unde tibi hoc non Christianae? [7] Atque adeo plerumque et uitta Cereris redimita, et pallio Saturni coccinata, et deae Isidis linteata, in ipsis denique templis deum iudicem imploras. Sub Aesculapio stas, Iunonem in aere exornas, Mineruam † calcias furuis galeam formis, et neminem de praesentibus deis contestaris. In tuo foro aliunde iudicem appellas, in tuis templis alium deum pateris. O testimonium ueritatis, quae apud ipsa daemonia te testem efficit Christianorum!
Übersetzung
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Témoignage de l'âme
II.
On s'emporte contre nous quand nous prêchons un Dieu essentiellement un, de qui tout vient, de qui tout dépend. Parle; n'est-ce pas là ta foi à toi-même? En effet, combien de fois publiquement et avec cette liberté qu'on nous ravit, ne t'avons-nous pas entendu t'écrier, soit à la maison, soit au dehors, « s'il plaît à Dieu! si Dieu l'ordonne! » Par ces paroles, tu proclames un être souverain, tu reconnais une suprême puissance dans la volonté de celui que tu implores; en même temps, dès que tu appelles par leurs noms Saturne, Jupiter, Mars, Minerve, tu nies l'existence de ces dieux, tu établis l'unité de Dieu en le nommant seulement Dieu, de sorte que, lorsqu'il t'arrive d'appeler les autres des dieux, tu sembles n'avoir employé ce mot que comme une monnaie étrangère et d'emprunt. La nature du Dieu que nous prêchons ne t'échappe pas davantage: « Dieu bon! Dieu bienfaisant! » Voilà ton cri, « Mais l'homme est méchant, » ajoutes-tu aussitôt; c'est-à-dire que, par une proposition contraire et sous une allusion détournée, tu reproches à l'homme de devenir méchant du moment qu'il s'éloigne du Dieu bon. Ce mot, « Que Dieu vous bénisse, » qui, chez le Dieu de toute bonté et de toute miséricorde, comprend toutes les |120 bénédictions, sacrement auguste de notre discipline et de notre vie, tu le prononces aussi volontiers qu'il est nécessaire à un chrétien. Alors même que tu convertis la bénédiction en malédiction, en proférant le mot de Dieu, tu témoignes encore avec nous que sa toute-puissance s'exerce sur tout le monde.
Il en est qui, sans nier l'existence de Dieu, lui refusent la faculté de discerner, de juger et de vouloir; c'est là surtout qu'ils sont en opposition avec nous, qui courons au-devant de cette croyance, par la crainte du jugement qu'annoncent les divins oracles. Ils s'imaginent honorer ainsi la divinité, en la débarrassant des fatigues du gouvernement et des ennuis de la sentence. Ils vont même jusqu'à lui refuser la colère. Si Dieu s'irrite, disent-ils, il est donc corruptible et sujet aux passions humaines. Passionné et corruptible, il peut donc mourir, ce qui répugne à un Dieu. Mais ces mêmes écoles, en confessant ailleurs que l'âme est divine et communiquée par Dieu, réfutent par le témoignage de l'âme elle-même l'opinion qui précède. En effet, si l'âme est divine, ou simplement si elle a été donnée par Dieu, à coup sûr elle connaît son auteur. Si elle le connaît, conséquemment elle le craint, comme on doit craindre un père si auguste. La preuve qu'elle le craint, c'est qu'elle aime mieux son amitié que sa colère. D'où viendrait donc à l'âme cette crainte naturelle envers un Dieu qui n'a pas la volonté de s'irriter? Comment craindre celui qui est insensible à l'outrage? que craint-on, si ce n'est la colère? d'où vient la colère, si ce n'est de l'animadversion? d'où vient l'animadversion, si ce n'est du jugement? d'où vient le jugement, si ce n'est de la puissance? A qui appartient la puissance suprême, si ce n'est à Dieu seul? Voilà pourquoi, ô âme, en public ou en particulier, sans que personne te raille, sans que personne s'y oppose, tu t'écries: « Dieu le voit; je remets cette affaire à Dieu; Dieu me le rendra; que Dieu décide entre nous. » Où as-tu pris ces paroles, puisque tu n'es |121 pas chrétienne? Ne t'échappent-elles pas le plus souvent sous les bandelettes de Cérès, sous le manteau de pourpre de Saturne, sous les longs voiles d'Isis? Enfin, jusque dans les temples de tes dieux, devant la statue d'Esculape, pendant que tu dores la Junon d'airain, ou que tu affubles de son casque Minerve aux formes terribles, au lieu d'invoquer quelqu'un des dieux qui t'environnent, c'est le juge éternel que tu implores. Dans le sanctuaire de tes lois, tu appelles un autre juge; dans tes temples, tu trembles devant un autre Dieu. Ô témoignage de la vérité, qui, jusque chez les démons, suscite un témoin en faveur des Chrétiens!