2.
Votre lettre dit : « Veuillez ne pas corrompre mon secrétaire à force d'or comme l'ont fait vos amis pour s'emparer de mes faibles ouvrages que je n'avais pas encore revus ni terminés entièrement. Ils pouvaient alors altérer plus facilement ce que personne ou presque personne n'avait encore entre ses mains. Je vous conjure d'accepter ce livre que je vous offre gratuitement, que sans doute vous auriez voulu acheter bien cher. » Ne rougissez-vous pas de parler ainsi ? Moi ! corrompre à force d'or votre secrétaire? Quel est l'homme assez puissant pour lutter contre l'or de Darius ou de Crésus? pour ne pas craindre un nouveau Demaratus ou un nouveau Crassus? Vous êtes-vous endurci au point de placer votre espoir dans le mensonge, de le regarder comme une défense, et de penser que l'on ajoutera foi à toutes vos calomnies? Qui donc, à Bethléem, a été prendre, dans la chambre de mon frère Eusèbe, votre lettre louangeuse? Par quel artifice, par quelles machinations a-t-on trouvé dans le logement de Fabiola, et du prudent Occanus, ce vrai chrétien, un livre qu'ils n'avaient jamais vu? Croyez-vous donc vous faire passer pour innocent en attribuant aux autres vos propres fautes? Tous ceux qui vous blessent doivent-ils passer pour coupables, malgré leur franchise, malgré leur innocence? Car vous avez ce qui perdit la virginité de Danaë, ce que Giezi préféra à la sainteté de son maître, et Judas à son Sauveur. Cependant, voyons un peu ce que mon ami a pu dénaturer de vos écrits que vous n'aviez pas encore relus ni corrigés, comment il lui aura été d'autant plus facile de les falsifier, que personne ou presque. personne ne les possédait encore.
D'abord, je vous ai écrit, et je prends Dieu à témoin que je n'ai pas plus approuvé cette accusation que je n'approuve toute celle d'un chrétien contre un autre chrétien. En effet,qu'était-il nécessaire de faire connaître, au risque de scandaliser ou de perdre bien des hommes, ce qui aurait pu être repris ou dénoncé en secret?
