2.
A cette inutilité de leurs fausses vertus, succéderont des tourments réels et terribles, le feu qui ne s'éteint pas, le ver qui ne meurt point, les ténèbres extérieures et toutes les peines de l'enfer. Aussi la parole de l'homme et même celle de l'ange sont-elles impuissantes à payer à Dieu le tribut de reconnaissance que nous lui devons pour sa bonté envers nous. Pourquoi? Parce que les sacrifices qu'exige la virginité nous sont moins pénibles qu'aux hérétiques, et combien les fruits en sont-ils différents pour eux et pour nous ! Le partage des vierges hérétiques sera la prison de l'enfer, les larmes, les gémissements et les supplices éternels; mais les enfants de l'Eglise posséderont la société des saints anges, les splendeurs du ciel et la présence du divin Epoux qui est le résumé de tous les biens.
D'où vient un sort si dissemblable? c'est que pour les uns la virginité n'est qu'une révolte sacrilège contre Dieu , tandis que pour les autres cette même profession est l'accomplissement de sa volonté sainte. Car le Seigneur voudrait que tous les hommes fussent vierges, comme nous le dit l'Apôtre, ou plutôt comme nous le déclare le Christ qui parlait par sa bouche : Je voudrais que vous fussiez tous dans l'état où je suis moi-même. (I Cor. VII, 7.) Mais le Seigneur, qui est indulgent, et qui sait que l'esprit est prompt, et que la chair est faible, n'a point voulu nous prescrire impérieusement la virginité, et il en a laissé le choix à notre volonté ; et, en effet, si elle était une loi expresse et générale , les vierges n'auraient droit à aucune récompense. On leur dirait seulement : Vous avez fait ce que vous deviez faire. Quant à ceux qui auraient enfreint le précepte , ils subiraient la juste peine de leur désobéissance. Mais le Sauveur a dit : Que celui qui peut entendre, entende. (Matth. XIX, 2.) Il n'a donc point condamné ceux qui ne -se sentiraient pas le courage d'embrasser la virginité, et il a néanmoins ouvert aux autres une noble et illustre carrière. Aussi l'Apôtre, fidèle écho des pensées du divin Maître, nous dit-il : A l'égard de la virginité, je n'ai point reçu de commandement du Seigneur, mais voici le conseil que je donne. (I Cor. VII, 23.)
