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« Sachant, mes, frères bien-aimés, que votre action est de Dieu, parce que l'Evangile que nous vous avons prêché, ne vous a pas été seulement présenté en paroles, mais encore dans la vertu de Dieu, dans l'Esprit-Saint, et dans une certitude abondante. Vous savez aussi de quelle manière nous avons agi parmi vous pour votre salut». Que veut-il dire par ces mots: « Vous savez aussi de quelle manière nous avons agi parmi vous pour votre salut?» L'apôtre effleure ici son propre éloge, mais très-légèrement. Il veut d'abord épuiser l'éloge des Thessaloniciens. Voici le sens de ses paroles : Nous savions que vous étiez des hommes généreux, et, magnanimes, des hommes choisis, c'est pourquoi nous avons aussi tout enduré pour vous. En effet, dire : « Vous savez de quelle manière nous avons agi » , c'était leur rappeler qu'on aurait de grand coeur donné sa vie pour eux; dévouement dont l’apôtre attribue le mérite non à lui, mais à eux, parce qu'ils étaient des hommes élus de Dieu. C'est la même pensée qu'il exprime encore ailleurs en ces termes : «Je souffre tous ces maux pour les élus». (II Tim. II,10.) Que ne souffrirait-on pas pour les bien-aimés de Dieu? A peine a-t-il parlé de lui-même qu'il se hâte d'ajouter presque en propres termes : Puisque vous êtes les bien-aimés et les élus de Dieu, il était naturel que je souffrisse tout pour vous. Ce n'était pas tout de les louer pour les fortifier, il était bon encore de leur rappeler dans le même but qu'ils avaient eux-mêmes montré un courage égal au zèle qu'on leur avait témoigné.
Il ajoute donc : « Et vous êtes devenus nos imitateurs et les imitateurs du Seigneur, ayant reçu la parole au milieu d'une grande tribulation, avec la joie du Saint-Esprit». Quel éloge ! Les disciples, en un moment, sont devenus des docteurs. Non-seulement ils ont écouté la prédication , mais encore ils ont atteint jusqu'au faite où était saint Paul. Mais cela n'est rien en comparaison de ce qui suit, voyez jusqu'où il les exalte en disant : «Vous êtes devenus les imitateurs du Seigneur». De quelle manière? « En recevant la parole au milieu d'une grande tribulation, avec la joie du Saint-Esprit ». Non-seulement au milieu de la tribulation, mais au milieu « d'une grande tribulation ». On peut voir, par les Actes des apôtres, quelle persécution l'on suscita contre eux. (Act. XVII.) Ils émurent tous (181) les magistrats, dit l'auteur, et soulevèrent toute la ville. Et l'on ne peut pas dire que s'ils ont été affligés et ont reçu la foi, ils l'aient fait avec tristesse, puisqu'il est dit au contraire qu'ils ont montré une grande joie. Il en était de même des apôtres. « Ils se réjouissaient », est-il dit «de ce qu'ils avaient été jugés dignes de souffrir pour le nom de Jésus-Christ». (Act. V, 44) Ce qu'il y avait de merveilleux dans leur conduite, c'était principalement cette joie. Ce n'est pas déjà peu de chose que de souffrir l'affliction n'importe comment, mais la souffrir avec joie suppose des hommes élevés au-dessus de la nature humaine, et dont le corps est devenu comme impassible. Comment étaient-ils devenus les imitateurs du Seigneur? Parce que le Seigneur avait lui-même enduré beaucoup de souffrances, et qu'il ne s'en était pas plaint, mais réjoui, puisqu'il les avait acceptées volontairement, et qu'il était venu sur la terre pour cela. En effet, il s'est anéanti lui-même pour nous, sachant qu'il aurait à souffrir les crachats, les soufflets, la croix. Et au milieu de ces souffrances, la joie qu'il éprouvait lui faisait dire : « Mon Père, glorifiez-moi». (Jean, XVII, 1.)
« Avec la joie du Saint-Esprit ». Pour qu'on n'objecte pas: Comment mêlez-vous ensemble l'affliction et la joie ? Ces choses-là ne sont-elles pas incompatibles? l'apôtre ajoute : « Avec la joie du Saint-Esprit ». L'affliction est dans les choses du corps, la joie dans celles de l'esprit. Comment cela? Les faits sont douloureux, mais les suites en sont tout autres, par la permission du Saint-Esprit. Ainsi, on peut souffrir sans se réjouir, comme lorsqu'on souffre pour ses péchés; et l'on peut aussi se réjouir jusque sous les fouets, lorsqu'on souffre pour Jésus-Christ. Telle est la joie du Saint-Esprit. De ce qui semble douloureux, elle fait sortir des délices. On vous a affligés, persécutés, veut dire l'apôtre, mais l'Esprit-Saint ne vous a pas délaissés dans vos maux mêmes : et comme autrefois il versa la rosée sur les trois enfants de la fournaise, il répand de même sur volis une joie céleste au milieu de vos afflictions. Et comme alors la rosée qui rafraîchissait les trois enfants, n'était point l'effet du feu; de même la joie que vous ressentez maintenant n'est point l'effet de vos maux. Les afflictions naturellement ne produisent point la joie; cela est réservé aux afflictions que l'on souffre pour Jésus-Christ, et est l'effet de la rosée du Saint-Esprit, qui, par la fournaise des maux, fait passer les élus dans un repos et un rafraîchissement éternel. « Avec la joie », dit saint Paul; et non simplement avec la joie, mais avec une grande joie; car c'est ce que marque ce mot : «Avec la joie du Saint-Esprit».
