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Adversus Hermogenem
V.
[1] 'Sed deus deus est et materia materia est.' Quasi diuersitas nominum comparationi resistat, si status idem uindicetur! Sit et natura diuersa, sit et forma non eadem, dummodo ipsius status una sit ratio. Innatus deus; an non et innata et materia? Semper deus; an non semper et materia? Ambo sine initio, ambo sine fine, ambo etiam auctores uniuersitatis, tam qui fecit quam de qua fecit. Neque enim potest non et materia auctrix omnium deputari, de qua uniuersitas consistit. [2] Quomodo respondebit? Non statim materiam comparari deo si quid dei habeat, quia non totum habendo non concurrat in plenitudinem comparationis? Quid
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Contre Hermogène
V.
---- Mais Dieu est Dieu; la Matière est la Matière, répond Hermogène. ---- Gomme si la diversité des noms empêchait l'égalité, puisque l'essence fondamentale est la même! Que la nature et la forme diffèrent, peu importe, si la substance est identique. Dieu n'a jamais pris naissance. La Matière n'est-elle pas comme lui étrangère à la naissance. Dieu a toujours été. La matière aussi n'a-t-elle pas toujours été? Tous deux sans commencement, tous deux sans fin, tous deux principes de l'universalité des êtres, aussi bien celui qui a produit que celle avec laquelle il a produit. Car la Matière ne peut pas ne pas être l'auteur de toutes choses, puisqu'elle a fourni sa substance à l'universalité des êtres.
Que répondra Hermogène? Dira-t-il que la matière, tout en ayant quelque chose de Dieu, ne peut pas être assimilée à Dieu, parce que ne possédant pas la plénitude de la Divinité, elle répugne à la plénitude de la comparaison? Mais qu'a-t-il laissé de plus à Dieu, pour qu'il semble n'avoir point accordé à la Matière tout ce qui constitue Dieu?
La Matière, replique-t-il, se gouvernera de telle manière, que l'autorité et la substance de Dieu demeureront sauves, en tant qu'il sera réputé le seul et le premier auteur, ainsi que le maître de toutes choses.
---- Mais la vérité, en défendant l'unité de Dieu, exige que ce qui est à lui n'appartienne qu'à lui. La chose lui appartiendra quand elle n'appartiendra qu'à lui seul. De là vient qu'il est impossible d'admettre aucun autre Dieu, parce qu'il n'est donné à qui que ce soit de posséder quelque chose de ce qui fait le Dieu.
---- Quoi donc, dis-tu, n'avons-nous pas quelque chose de Dieu? ---- Oui. Nous l'avons et nous continuerons de l'avoir par emprunt, mais non pas de notre propre fonds. En effet, nous serons des dieux, si nous méritons d'être tels qu'il nous l'annonça d'avance: « J'ai dit: vous êtes des dieux. ---- Dieu a siégé dans l'assemblée des dieux; » mais cela en vertu de sa grâce, et non à titre de propriété, parce qu'il est le seul qui fasse des dieux. Toi, au contraire, lu donnes en propre à la Matière ce qu'elle a de commun avec Dieu; ou bien, si elle a reçu ce qui caractérise Dieu, je veux dire l'attribut de l'éternité, il faut donc croire qu'elle a un principe commun avec Dieu, et qu'elle n'est pas Dieu. Mais quelle contradiction que de lui accorder un principe commun avec Dieu, et de vouloir que le principe qu'Hermogène ne refuse pas à la Matière soit le privilège exclusif de Dieu!