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Mais d'ailleurs, suivant la même doctrine, tout ce que Dieu a fait il l'a fait très-bon. Quant aux maux, ils ne sont.pas des réalités substantielles, des objets de la nature. Ce qui est appelé mal est toujours le péché ou la peine du péché. Or le péché n'est rien que le consentement déréglé de, la volonté libre. Nous portons-nous à ce que défend la justice quand nous sommes maîtres de nous déterminer autrement? Voilà le péché : c’est-à-dire qu'il ne consiste pas dans les choses elles-mêmes, mais dans leur usage illégitime.
Le légitime usage. des choses c'est de rester dans la loi de Dieu, de se soumettre à Dieu seul avec une pleine et entière dilection, et de faire tout ce qui est permis, d'ailleurs saris attache, sans affection déréglée, c'est-à-dire selon l'ordre divin. Ainsi en effet trouvera l'âme dans l'exercice de son empire, non la difficulté, non la misère, mais une grande facilité, mais un grand bonheur. Pour la peine du péché, elle consiste dans le tourment qu'éprouve l'âme de ce que la création, (126) soumise à son autorité quand elle-même obéissait à Dieu, refuse de la servir depuis que de son côté elle s'est révoltée contre lui. Ainsi le feu étant une créature de Dieu n'est pas un mal; cependant notre faiblesse en souffre les atteintes comme une juste peine du péché. On nomme du reste naturels les péchés dont nous ne pouvons, sans la miséricorde Dieu nous abstenir, depuis que parla faute de notre libre arbitre nous sommes tombés dans la triste condition de cette vie.
