CHAPITRE II. LA SÉPARATION N'EST PERMISE QUE POUR CAUSE DE FORNICATION.
2. Est-ce que le même Apôtre ne défend pas aux époux de se refuser le devoir conjugal, si ce n'est que tous deux y consentent, lors même (166) que ce refus ne serait que pour un temps et afin de se livrer à la prière ? Autrement, que deviendraient ces paroles : « Pour éviter la fornication, que chaque homme conserve sa femme et chaque épouse son mari ; que a l'homme rende le devoir à sa femme et la femme à son époux; le corps de l'épouse n'appartient pas à elle, mais à son mari ; de même c'est à la femme qu'appartient le corps du mari1 ? » Pour que ces paroles soient vraies, ne faut-il pas que l'un des époux ne puisse, sans le consentement de l'autre, se livrer à la continence ? En accordant à la femme le pouvoir de quitter son mari, et de rester dans la continence, vous lui donnez tout pouvoir sur son propre corps, à l'exclusion de son mari; il faut en dire autant de l'époux. Nous lisons encore. «Celui qui se sépare de sa femme, excepté pour cause de fornication; la rend adultère2 ». Dans ces paroles, peut-on voir autre chose qu'une défense faite à l'homme d'abandonner sa femme, si aucune fornication ne l'y autorise ? La raison de cette défense, c'est qu'il rend sa femme adultère ; d'où il suit, qu'en contractant un nouveau mariage, une femme se rend coupable d'adultère, non pas seulement quand c'est elle-même qui s'est séparée, mais aussi quand elle a été renvoyée. C'est pour éviter un aussi grand mal, qu'il est défendu à l'homme de renvoyer sa femme, si ce n'est pour cause de fornication. Dans ce dernier cas, il la renvoie adultère, il ne l'expose pas à le devenir. Pouvons-nous regarder comme innocent celui qui nous dirait : Je renvoie ma femme sans aucune cause de fornication, mais je resterai dans la continence? Peut-on tenir ce langage quand on comprend la volonté de Dieu clairement formulée dans les paroles que nous avons citées ? Ne permettre le divorce que pour cause de fornication, c'était le refuser pour cause de continence.
