II.
Voyons d'abord de quel droit il affirme « que les Gaulois, les Espagnols, les Italiens et leurs alliés »,qu'il regarde comme formant l'univers tout entier, « doivent être assimilés aux traditeurs africains, comme leur étant unis par la communauté des crimes ». Son adversaire lui oppose des passages aussi nombreux que concluants, tirés de la sainte Ecriture; mais pour lui, négligeant ces moyens ordinaires, il ne présente aucun document et prétend qu'on doit le croire sur parole sans exiger de lui aucune preuve. Il ose même en cela se proposer comme modèle à suivre, car il n'a pas hésité un instant à croire sur parole ceux de ses coévêques qui accusaient les différentes Eglises répandues sur toute la face de la terre. Une telle crédulité, n'est-ce pas ce que l'on peut imaginer de plus téméraire? Ecoutons-le : « Quelques-uns de mes collègues, témoins irréprochables, reçurent pour mission de visiter ces provinces; à leur arrivée, ces saints prêtres du Seigneur virent se dévoiler, dans toute leur réalité et leur évidence, « les crimes dont ils nous attestent l'authenticité ». N'en doutons plus, cet homme est persuadé qu'on doit croire à sa parole plutôt qu'à celle de Dieu. Tichonius déroule sous ses yeux les foudroyants oracles du Testament divin; il lui rappelle cette promesse faite à Abraham, à Isaac et à Jacob, dont le Seigneur se proclame le Dieu unique : « Je suis le Dieu a d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, c'est là mon nom pour l'éternité1 ». Et Parménien lui oppose les récits de ses coévêques. Qu'a-t-il été dit à Abraham? « Toutes les nations seront bénies dans votre race2 ». Qu'a-t-il été dit à Isaac? « Et toutes les nations de la terre seront bénies dans votre race, parce que Abraham, votre père, a écouté ma voix3 ». Qu'a-t-il été dit à Jacob ? « Je suis le Dieu d'Abraham, votre père, et le Dieu d'Isaac, ne craignez point. Je vous donnerai, à vous et à votre race, la terre sur laquelle vous donnez; et votre race sera nombreuse comme les grains de poussière sur la terre, et elle couvrira l'univers du Nord au Midi, de l'Orient à l'Occident; et toutes les tribus de la terre seront bénies en vous et dans votre race4 ». N'allez pas supposer qu'il s'agit ici des Juifs, car voici que l'Apôtre nous apprend quelle est cette race d'Abraham dans laquelle toutes les nations doivent être bénies. « Des promesses, dit-il, furent faites à Abraham et à sa race »; il n'est pas dit: à ses races, comme s'il dût y en avoir plusieurs; mais, «à votre race, à une seule, a qui est Jésus-Christ5». C'est donc en Jésus-Christ que, toutes les nations doivent être bénies: tel est le sens authentique de la promesse, telle est la seule interprétation fondée sur la vérité. Et des hommes qui veulent se dire chrétiens osent penser autrement? Quelle est donc leur réponse? « Quelques-uns de mes a collègues, témoins irréprochables, eurent pour mission de visiter ces provinces; à leur arrivée, ces saints prêtres du Seigneur a virent se dévoiler, dans toute leur certitude et leur évidence, les crimes déjà connus par la renommée ». Et qu'est-ce donc qu'ont publié ces témoins dont la parole doit être acceptée, même avant celle de Dieu? Serait-ce que le crime des traditeurs africains n'a pas permis à la race d'Abraham, c'est-à-dire à Jésus-Christ, de se répandre dans toutes les nations, et qu'elle s'est éteinte dans les lieux où elle était parvenue? Dites alors qu'on doit croire à la parole de vos collègues plutôt qu'à celle du Testament; et vantez-vous encore d'avoir sauvé des flammes ce Testament que votre langage tend sans cesse à détruire.
