CHAPITRE IV. QUEL CHEF LES DONATISTES ATTRIBUENT A CELUI QU'ILS BAPTISENT.
5. Si donc ces premiers chrétiens qui se disaient être du parti de Paul, commettaient une grossière erreur, et s'exposaient à périr en ne changeant pas de dispositions, quelle espérance peut rester à ceux qui cherchent à être du parti de Donat? Selon leurs principes, le ministre du baptême devient l'origine, la souche et la tête de celui qui est baptisé. A ce prix, comme il est moralement impossible de savoir ce qu'est ce ministre, tout par là même est frappé d'une cruelle incertitude, l'origine, la souche, la tête, et par-dessus tout l'espérance. De plus, comme il peut arriver, sans que le sujet le sache, que la conscience du ministre soit souillée et criminelle, celui qui recevrait le baptême dans de telles conditions n'aurait plus à attendre qu'une origine criminelle, une souche criminelle, une tête criminelle, et par conséquent une espérance vaine et trompeuse. Pétilien n'a-t-il pas écrit lui-même: « Toute chose dépend de son origine et de sa souche; ce qui n'a pas de tête n'est rien? » D'un autre côté, le ministre, à ses yeux, est l'origine, la souche, et la tête de celui qui est baptisé; mais alors, à quoi sert-il à ce dernier d'ignorer la culpabilité de celui qui le baptise? Il ignore qu'il a un mauvais chef, ou plutôt qu'il n'en a pas. Et dès lors quelle espérance peut rester à celui qui sait ou qui ne sait pas qu'il a un chef mauvais, ou qu'il n'en a pas ? Est-ce sa propre ignorance qui deviendra son chef, parce qu'il n'en a qu'un mauvais ou qu'il n'en a pas? Tenir un semblable langage, c'est prouver en effet que l'on est sans tête.
