5.
Le synode épiscopal ordonna qu'on lût un autre chapitre. On ouvrit de nouveau le livre de Pélage, et on lut ces paroles . « Tous sont gouvernés par leur volonté propre ». Pélage ajouta : « J'ai formulé cette proposition à cause du libre arbitre auquel Dieu vient en aide quand il choisit le bien; pour l'homme pécheur, s'il se rend coupable, c'est par l'effet de son libre arbitre ». Après cette explication, les évêques répondirent : « Il n'y a là rien de contraire à la doctrine ecclésiastique ». En effet, qui oserait condamner le libre arbitre ou le nier quand on proclame qu'il est aidé par la grâce de Dieu? L'approbation donnée par les évêques à la réponse de Pélage est donc très-légitime. Cependant en lisant dans son livre cette proposition : « Tous sont gouvernés par leur volonté propre », ceux de nos frères qui connaissaient les attaques soulevées par les Pélagiens contre la grâce de Dieu n'avaient que trop raison de s'émouvoir. En effet, affirmer « que tous sont gouvernés par leur volonté propre », n'est-ce pas soutenir que Dieu ne gouverne personne, et que c'est en vain qu'il a été écrit: «Sauvez votre peuple et bénissez votre héritage; gouvernez-les et les élevez jusqu'au siècle futur1? » S'ils se gouvernent en dehors de Dieu et par leur volonté propre, n'est-il pas à craindre qu'ils errent comme des brebis sans pasteur2? Or, une telle doctrine ne mérite-t-elle pas nos anathèmes ? Etre mû dans l'action, c'est plus qu'être. gouverné, car celui qui est .gouverné fait tel ou tel acte, et pour bien agir il a besoin d'être gouverné par Dieu. D'un autre côté, c'est .à peine si celui qui est mû présente à notre esprit l'idée d'une action; et cependant, telle est l'efficacité de la grâce du Sauveur sur nos volontés propres, que l'Apôtre n'hésite pas à dire : « Tous ceux qui sont mus par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont les enfants de Dieu3 ». Dès lors, ce que notre volonté libre a de mieux à faire, c'est de se confier à la direction de celui qui ne peut faire le mal. A cette condition, qu'elle se regarde comme assurée d'être aidée par Celui auquel le Psalmiste adresse ces paroles : « Mon Dieu! sa miséricorde me préviendra4 ».
