2.
Dans mes lettres je crois voir ces frères pour lesquels vous déployez un zèle si louable, afin de les détromper sur cette sentence poétique : « Chacun est à soi-même sa propre espérance1 », et de leur épargner cette condamnation port plus poétique, mais prophétique: « Maudit soit celui qui place dans l'homme son espérance2 » ; il me semble dès lors que je dois les traiter comme l'Apôtre traitait ceux à qui il disait: « Si vous avez quelque autre sentiment de vous-mêmes, Dieu vous révélera ce que vous devez en croire ».En effet, la prédestination des saints est pour eux une matière entièrement ignorée; et cependant, s'ils ont sur ce point quelque autre sentiment, Dieu leur révélera ce qu'ils doivent en croire pourvu qu'ils profilent des lumières qui déjà leur ont été données. Voilà pourquoi ces paroles : « Si vous avez quelque autre sentiment de vous-mêmes, Dieu vous révélera ce que vous devez en croire », sont immédiatement suivies de celles-ci : « Cependant, pour ce qui regarde les connaissances auxquelles nous sommes déjà parvenus, appliquons-les fidèlement3 ».
Or, ces frères , que vous entourez d'une sainte et affectueuse sollicitude, en sont arrivés à croire avec l'Eglise de Jésus-Christ, la transmission du péché du premier homme au genre humain tout entier, et pour effacer cette souillure l'application nécessaire à chacun de la justice du second Adam. Ils avouent également que la volonté des hommes est prévenue par la grâce de Dieu, et que personne ne peut se suffire à lui-même, soit pour commencer, soit pour compléter une bonne oeuvre. Toutes ces vérités qu'ils proclament sont autant de points qui les séparent de l'erreur des Pélagiens. Si donc ils marchent à la lumière de ces vérités; s'ils prient celui qui donne l'intelligence, supposé qu'ils se trompent sur la prédestination, Dieu lui-même leur révélera ce qu'ils doivent en croire. De notre côté, prodiguons-leur le témoignage de notre affection, et le ministère de notre parole, dans le but, autant du moins que Dieu nous en fera la grâce, de leur offrir par ce livre les enseignements les plus convenables et les plus utiles. Savons-nous si Dieu n'a pas résolu de se servir de notre bassesse pour opérer eu eux ces. précieux résultats ? trop heureux serons-nous de les servir dans la libre charité de Jésus-Christ.
