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Institutions Divines
II.
Nous avons donc entrepris de tirer la vérité des ténèbres dont l'erreur l'a couverte jusqu'ici, et de la faire paraître dans tout l'éclat qui lui est naturel : mais nous n'avons pas cru devoir commencer par cette question célèbre, qui semble d'abord se présenter d'elle-même; savoir : s'il y a une providence qui veille sur toute la nature, ou si toutes choses ayant été formées par le hasard lui doivent aussi leur conservation. Démocrite a été l'auteur de cette opinion, et son disciple Épicure l'a pareillement enseignée. Mais ces deux philosophes n'ont fait que renouveler l'impiété de deux fameux athées,1 dont le premier doutant de la divinité, et le second la niant absolument, s'accordaient en cela, qu'ils ôtaient à la Providence le gouvernement de l'univers.
Les stoïciens au contraire ont toujours soutenu que le monde n'avait pu être formé que par cette souveraine puissance, et ne pouvait se conserver que par ses soins. Cicéron même, quoiqu'il fût académicien déclaré, abandonna sur ce point l'incertitude de sa secte, pour confirmer par plusieurs arguments affirmatifs le sentiment des stoïciens, et le fortifier par de nouveaux raisonnements: ce qu'il fait dans plus d'un ouvrage, mais principalement dans celui qu'il a composé sur la Nature des Dieux. Et certes, pour convaincre de fausseté l'opinion de trois ou quatre philosophes, il n'y a qu'à leur opposer le témoignage unanime des peuples et des nations entières, qui n'ont là-dessus qu'une même voix et un même langage. Car quel est l'homme assez grossier, et dont l'esprit et les mœurs soient si sauvages et si brutes, qui, levant les yeux au ciel, ne soit convaincu de la nécessité d'une providence, quoiqu'il puisse ignorer quel est le Dieu qui la fait agir, lorsqu'il vient à contempler la disposition des corps célestes, leur mouvement, leur étendue, leur durée, leur utilité, leur éclat, leurs effets. Et il ne se peut qu'il ne conçoive en même temps, que ce qui se maintient dans un ordre si admirable, et se meut par des ressorts si justes, ne soit l'effet d'une cause encore plus excellente, et d'une sagesse qui ne peut être que celle d'un Dieu? Il n'est donc rien de plus aisé que de produire des preuves de cette première vérité; mais parce que cette matière a été beaucoup agitée de part et d'autre, et que les ennemis de la Providence ont été plus d'une fois vaincus et désarmés par ses défenseurs, nous ne nous y arrêterons pas davantage, d'autant plus que nous serons obligés dans le cours de cet ouvrage de toucher souvent le même sujet, qui se trouve si naturellement lié aux autres que nous devons traiter, que nous ne saurions en entamer aucun qui n'ait quelque rapport avec la divine providence.
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Protagoras et Diagoras. ↩
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The Divine Institutes
Chap. II.--That there is a providence in the affairs of men.
Having therefore undertaken the office of explaining the truth, I did not think it so necessary to take my commencement from that inquiry which naturally seems the first, whether there is a providence which consults for all things, or all things were either made or are governed by chance; which sentiment was introduced by Democritus, and confirmed by Epicurus. But before them, what did Protagoras effect, who raised doubts respecting the gods; or Diagoras afterwards, who excluded them; and some others, who did not hold the existence of gods, except that there was supposed to be no providence? These, however, were most vigorously opposed by the other philosophers, and especially by the Stoics, who taught that the universe could neither have been made without divine intelligence, nor continue to exist unless it were governed by the highest intelligence. But even Marcus Tullius, although he was a defender of the Academic system, discussed at length and on many occasions respecting the providence which governs affairs, confirming the arguments of the Stoics, and himself adducing many new ones; and this he does both in all the books of his own philosophy, and especially in those which treat of the nature of the gods. 1
And it was no difficult task, indeed, to refute the falsehoods of a few men who entertained perverse sentiments by the testimony of communities and tribes, who on this one point had no disagreement. For there is no one so uncivilized, and of such an uncultivated disposition, who, when he raises his eyes to heaven, although he knows not by the providence of what God all this visible universe is governed, does not understand from the very magnitude of the objects, from their motion, arrangement, constancy, usefulness, beauty, and temperament, that there is some providence, and that that which exists with wonderful method must have been prepared by some greater intelligence. And for us, assuredly, it is very easy to follow up this part as copiously as it may please us. But because the subject has been much agitated among philosophers, and they who take away providence appear to have been sufficiently answered by men of sagacity and eloquence, and because it is necessary to speak, in different places throughout this work which we have undertaken, respecting the skill of the divine providence, let us for the present omit this inquiry, which is so closely connected with the other questions, that it seems possible for us to discuss no subject, without at the same time discussing the subject of providence.
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[Ingeniously introduced, and afterward very forcibly expanded.] ↩