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Voilà ce que j'ai cru être obligé de vous dire des victimes « salutaires, » des parties qui en étaient consumées sur l'autel, et de celles que Dieu a commandé qu'on donnât aux prêtres. Quant aux autres, excepté l'offrande des prémices, où l'on songeait plutôt à leur subsistance qu'à quelque instruction mystérieuse, ils avaient trois parties de l’animal qui était immolé ; le côté, la mâchoire et le ventre. J'ai expliqué ce qui regarde le côté. La mâchoire est la figure de la science et de l'éloquence qu'un prêtre doit avoir, et le ventre, par où Phinées perça la Madianite de son épée, nous enseigne que tous les travaux des hommes et l'attache qu'ils ont aux plaisirs sensuels, et particulièrement à ceux de la table, sont méprisables par la considération de ce qu'ils deviennent. Cela apprend à ceux qui servent véritablement Dieu que tout ce qui entre dans la bouche descend de là dans le ventre, et est jeté ensuite au lieu secret. De lâ vient que l'Apôtre dit : « Les viandes sont pour le ventre et le ventre pour les viandes, mais Dieu détruira un jour l'un et l'autre.» En parlant de ceux qui sont adonnés à leurs plaisirs, il dit encore « qu'ils font leur Dieu de leur ventre , et qu'ils mettent leur gloire dans leur propre honte. » Moïse fit mettre en poudre le veau d'or que le peuple d'Israël avait adoré, et ensuite le lui donna à boire par dérision de sa superstition, et pour lui faire concevoir du mépris pour une chose qui se tournait en excréments. L'usage du vin et de tout ce qui peut enivrer est défendu à ceux qui sont consacrés au service des autels, de peur que leurs coeurs ne s'appesantissent par l'excès des viandes et du vin et par les inquiétudes de cette vie, et afin qu'ils ne s'attachent sur la terre qu'à Dieu seul. La loi veut aussi qu'ils n'aient aucun défaut en leurs corps, qu'ils aient les oreilles entières et les yeux bons, qu'ils ne soient ni boiteux ni défigurés; et tout cela est une instruction pour quelques vices particuliers de l'âme. En effet, Dieu ne rejette pas dans un homme les défauts de la nature, mais les dérèglements de la volonté.
Si un prêtre se souille par quelque impureté involontaire, il lui est défendu de s'approcher de l’autel; et au contraire une veuve arrivée à l’âge de Sara est reçue à cause de sa continence, et on la fait subsister des deniers du temple, pourvu qu’elle n’ait pas d'enfants; mais si elle en a, on la leur met entre les mains, afin que, suivant ce que dit l'Apôtre, celles qui sont vraiment veuves ne manquent pas d'assistance, et que celle qui est entretenue du bien de l’autel n'ait de l'affection pour aucune chose. Les voisins et les mercenaires ne mangeaient pas avec les lévites, mais ce qu'on desservait de leur table était donné à leurs serviteurs : c'est-à-dire que dès ce temps-là on condamnait Phigèle et Hermogène, et qu'on recevait Onésime. On offrait aux grands prêtres les prémices de toutes sortes de viandes, de grains et de fruits, afin qu’étant assurés de leur nourriture et de leur vêtement, ils pussent servir Dieu sans obstacle et sans soucis. On leur donnait les premiers-nés des animaux regardés comme « purs, » et l’on vendait ceux des « immondes, » et ils en recevaient l’argent. On rachetait aussi les premiers-nés des hommes, et parce que dans toutes les conditions la manière de naître est la même, le prix de rachat était égal pour tous, afin que les riches ne devinssent pas orgueilleux pour avoir payé beaucoup, et qu'une somme excessive n'incommodât pas les pauvres. Les dîmes étaient le partage des portiers et de ceux qui avaient soin de la sacristie; mais ils payaient ensuite la dîme de ces mêmes dîmes aux prêtres, auxquels ils étaient inférieurs comme ils étaient eux-mêmes supérieurs au reste du peuple. Il y avait quarante-huit villes choisies pour la demeure des prêtres et des lévites, et six, tant en-deçà qu'au-delà du Jourdain, pour celle des exilés, dont le bannissement durait jusqu'à la mort du grand prêtre. Tout ce que je vous ai dit jusqu'ici, et dont je vous ai plutôt indiqué que découvert les mystères, regarde seulement les simples prêtres; et je vais en peu de mots vous expliquer le nombre et la grandeur des prérogatives du pontife.
