4.
Le grand prêtre ne sortait pas du sanctuaire, de peur de souiller les vêtements dont il était revêtu. Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été revêtus de Jésus-Christ: conservons la robe qui nous a été donnée, conservons-la toute sainte en un lieu saint. Cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho fut dépouillé avant que d'être blessé. On versa premièrement dans ses plaies de l'huile, qui est un remède doux, et pour ainsi dire le remède d'un médecin touché de compassion pour le malade; et ensuite, comme il devait être châtié de sa négligence, on y versa du vin, afin que par son âpreté sentant quelque douleur dans ses plaies, l'huile le portât à faire pénitence, et que le vin lui fit éprouver la sévérité de celui par qui il devait être jugé.
Le grand prêtre épousait une vierge, et n'épousait pas une veuve, ni une prostituée, ni une répudiée, mais une vierge de sa tribu, de peur qu'il ne souillât son sang en le mêlant avec celui du peuple; car « c'est moi,» dit le Sauveur, « qui le sanctifie. » Je sais que la plupart expliquent toutes ces lois qui sont ici données au grand prêtre de Jésus-Christ, et qu'ils entendent de sa mère, qui demeura vierge après son enfantement, ces paroles : «Dieu ne sera pas offensé à cause de son père et de sa mère;» et j'avoue qu'il est plus convenable de faire cette interprétation de celui à qui il est dit dans le psaume: «Vous êtes le prêtre éternel selon l'ordre de Melchisedec ;» et par Zacharie : «Écoutez, ô grand prêtre, Jésus, à qui les sales vêtements de nos péchés ont été ôtés, afin qu'il obtienne la gloire qu'il avait reçue auprès de votre père avant que le monde fut créé; » mais, de peur qu'on ne croie que je veuille faire violence à l'Écriture, et que l'amour que j'ai pour mon Sauveur m'oblige à ôter à l'histoire son véritable sens, l'interprétation que j'en ferai tournera à ta gloire du chef : Ce que j'expliquerai des serviteurs s'accomplira devant le maître, quoique la gloire des serviteurs soit celle du maître; et même, à chaque occasion qui s'en présentera, je parlerai de telle sorte de la véritable lumière, que je ferai voir qu'elle est descendue sur ceux que Jésus-Christ a choisis pour être la lumière du monde.
Il n'était pas permis à ce grand prêtre dont parle Moïse d'épouser une veuve, une répudiée ni une prostituée. Celle-là est une veuve dont le mari est mort; celle-là est une répudiée qui est abandonnée par son mari vivant; et celle-là enfin est une prostituée qui a vécu avec plusieurs hommes. Mais il fallait qu'il épousât, suivant ce que Moïse lui ordonne, une vierge de sa tribu, et non pas d'une tribu étrangère, de peur que la semence du bon grain ne dégénérât dans une mauvaise terre. Il lui était défendu d'épouser une prostituée parce qu'elle s'était abandonnée à plusieurs hommes, une répudiée parce qu'elle s'était rendue indigné de son premier mari, et une veuve de peur qu'elle ne rappelât en sa mémoire les plaisirs de ses premières noces; c'est-à-dire que son âme devait être sans tache, et, renaissant en Dieu, augmenter tellement en vertu que de jour à autre elle parût une âme nouvelle, afin qu'il fût du nombre de ceux dont parle l'Apôtre : « Je vous ai fiancés à un unique époux, qui est Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge toute pure, et qu'il ne restât rien en lui du vieil homme. » Si donc nous sommes ressuscités avec Jésus -Christ, recherchons ce qui est dans le ciel; à l'exemple du grand prêtre, oublions le passé et ne désirons que les biens à venir. Le misérable Simon fut trouvé indigne de la compassion de saint Pierre, parce qu'après avoir été baptisé il songea aux plaisirs de l'ancien mariage et n'eut pas une pureté de vierge.
