3.
« Les Séraphins étaient autour de lui. Ils avaient chacun six ailes, deux dont ils voilaient sa face, deux dont ils voilaient ses pieds, et deux autres dont ils volaient. Ils se criaient l'un à l'autre, et ils disaient: « Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées; la terre est toute remplie de sa gloire!» Il s'agit de savoir qui sont ces Séraphins qui «environnent le trône de Dieu; » ce que signifient les « six ailes» de chaque Séraphin, et qui sont douze en tout; comment, de ces six ailes, il y en a «deux » qui leur servent pour « voiler la face de Dieu, deux pour voiler ses pieds, et deux pour voler,» puisque l’Ecriture remarque qu'ils étaient« debout autour du trône du Seigneur;» comment ils peuvent être « debout autour » du trône puisqu'ils ne sont que « deux », et qu'ils « volent;» pourquoi ils « crient l'un à l'autre, » et répètent trois fois le nom du Saint ; comment le prophète dit ici que « toute la terre est remplie de la gloire du Seigneur, » puisqu'il a dit plus haut que c'était « la maison » qui était toute remplie de sa majesté. Comme toutes ces questions paraissent d'abord assez difficiles à développer, prions ensemble le Seigneur qu'il m'envoie comme au prophète un charbon de dessus l’autel, afin que, purifié de toutes les souillures de mes péchés, je puisse d'abord contempler les mystères de Dieu, et ensuite expliquer ce que j'aurai vu.
Le mot Séraphim, selon l'interprétation que lui donnent les Hébreux, signifie : ardeur, ou le commencement de leur bouche. Voulons-nous savoir ce que c'est que cet embrasement? Le Sauveur nous l'apprend lorsqu'il dit: «Je suis venu pour jeter le feu dans la terre, et que désiré-je, sinon qu'il s'allume? » Nous l'apprenons aussi de ces deux disciples à qui Jésus-Christ expliqua en chemin les saintes Écritures, en commençant par Moïse et ensuite par tous les prophètes. Leurs yeux s'étant ouverts et ayant reconnu leur divin maître, ils se dirent l'un à l'autre : « Notre coeur n'était-il pus tout brûlant dans nous lorsqu'il nous parlait durant le chemin, et qu'il nous expliquait les Ecritures?» Nous lisons encore dans le Deutéronome que Dieu est « un feu dévorant; »et le prophète Ezéchiel nous le représente « tout de flammes depuis les reins jusqu'aux pieds. » C'est l'idée que nous en donne aussi le prophète-roi lorsqu'il dit : « Les paroles du Seigneur sont des paroles chastes et pures; c'est comme un argent éprouvé au feu, purifié dans la terre, et raffiné jusqu'à sept fois. » Nous trouvons sur cela plusieurs autres passages dans l'Ecriture sainte qu'il serait trop long de rapporter ici. Où trouver donc ce feu et cet embrasement salutaire? C'est sans doute dans les saintes Écritures, dont la lecture purifie une âme de tous ses vices et de toutes ses impuretés.
Nous avons dit que le mot Séraphim signifie aussi : le commencement de leur bouche ; mais si j'entreprends d'en faire ici l'application à l'Écriture sainte, j'appréhende qu'on ne la trouve plus forcée que juste et mesurée. C'est le sentiment de toute l'antiquité que l'hébreu, en quoi l'Ancien-Testament est écrit, est le « commencement de la bouche » de tous les hommes, c'est-à-dire la première de toutes les langues, et qu'après que Dieu, pour punir l'orgueil de ceux qui bâtissaient la tour de Babel, eut confondu leur langage, toutes les nations commencèrent à parler diverses langues. La signification que l'on donne au mot Séraphim convient donc à l’Ancien et au Nouveau Testament; et il ne faut pas s'étonner qu'on nous les représente fun et l'autre sous la figure des « Séraphins autour du trône du Seigneur,» puisque c'est dans ces livres sacres que dieu se fait contraire aux hommes.
