3.
Moïse , ce fameux conducteur du peuple juif, qui avait frappé l'Egypte de dix plaies différentes, et qui semblait avoir un empire absolu sur le ciel, sur la terre et sur la mer, nous est représenté dans l'Ecriture sainte comme le plus doux de tous les hommes; et ce fut par cette douceur avec laquelle il savait tempérer ce que l'autorité souveraine a de trop dur, qu'il se maintint quarante ans dans le commandement que Dieu lui avait donné. Tandis qu'on le lapide, il prie pour ses bourreaux, aimant mieux être effacé du livre de vie que de voir périr un peuple que Dieu avait confié à ses soins, et souhaitant imiter ce souverain pasteur qui devait venir un jour chercher ses brebis égarées et les rapporter sur ses propres épaules, et qui nous a dit lui-même : «que le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » Aussi un des disciples de ce bon pasteur souhaitait-il « d'être anathème pour les Israélites qui étaient ses frères et ses parents selon la chair. » Que si l'Apôtre veut périr pour sauver ceux dont la perte était déjà assurée, que ne doit pas faire un bon père pour éviter d'aigrir l'esprit de ses enfants, et de révolter par une conduite trop sévère ceux même d'entre eux qui sont les plus doux et les plus traitables!
Quoique je sois oblige de rite prescrire des bornes dans cette lettre, néanmoins la douleur dont je suis pénétré est si Vive qu'elle ne me permet pas d'être court.
L'évêque de Jérusalem avoue. lui-même dans ses lettres, qui ne respirent, à ce qu'il prétend, que la charité et la paix, mais que je trouve, moi, très piquantes; il avoue, dis-je, que je ne l'ai jamais offensé ni traité d'hérétique. Pourquoi donc me traite-t-il lui même d'une manière si outrageante, en me faisant passer pour un homme rebelle à l'Eglise, et attaque d'une maladie très dangereuse ? Il épargne ceux qui lui font du mal, et il s'en prend à moi qui ne lui en fais point.
