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Avant l'ordination de mon frère,il n'a jamais témoigné qu'il eût eu le moindre différend avec le saint évêque Epiphane touchant les dogmes et la doctrine de l'Eglise; pourquoi donc s'est-il engagé, comme il le dit lui-même, a disputer devant tout le peuple sur une matière que personne n'avait encore abordée? Car vous êtes trop éclairé pour ne pas savoir qu'il est très dangereux d'agiter ces sortes de questions, et que le parti le plus sûr est de n'en rien dire. à moins qu'on ne s'imagine être obligé de traiter les matières les plus relevées. Quelle éloquence et quelle étendue d'esprit ne faut-il pas avoir pour parler à fond dans un seul discours, comme il se vante de l'avoir fait, de matières sur chacune desquellles en particulier les plus savants hommes se sont épuisés et ont écrit tant de volumes! Mais ce n'est point là mon affaire, c'est celle de celui qui s'en vante dans sa lettre, ou de ceux en présence desquels il s'en est vanté. Qu'il ne m'accuse donc point de lui en imposer; je n'étais point présent lorsqu'il s'en est vanté et je ne lui ai point entendu dire; j'en parle comme les autres, ou plutôt j'ai laissé crier les autres et j'ai gardé sur cela un profond silence.
Mais comparons un peu la personne de l'accusateur avec celle de l'accusé, et jugeons par le mérite, par les moeurs et par la doctrine de l'un et de l'autre, auquel des deux nous devons ajouter foi. Vous voyez que je ferme les veux sur bien des choses, que je me contente de les effleurer, et que j'aime mieux vous faire connaître ma pensée par mon silence que de l'exprimer par mes paroles.
J'ai pénétré d'abord vos intentions et je n'ai pu m'empêcher d'admirer la sagesse avec laquelle vous vous étiez comporté dans cette affaire ;car dans le dessein que vous aviez de travailler à la paix de l'Eglise, vous vous êtes, pour ainsi dire, bouché les oreilles de peur d'entendre la voix des syrènes. En effet, instruit dès vos plus tendres années dans l'étude de l'Ecriture sainte, vous n'ignorez pas en quel sens on doit prendre les vérités qu'elle nous enseigne, et vous avez si bien mesuré toutes vos paroles dans une matière si délicate, qu'on ne peut s'apercevoir si vous rejetez notre opinion ou si vous condamnez celle des autres.
