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Letter to a young widow
1.
That you have sustained a severe blow, and that the weapon directed from above has been planted in a vital part all will readily admit, and none even of the most rigid moralists will deny it; but since they who are stricken with sorrow ought not to spend their whole time in mourning and tears, but to make good provision also for the healing of their wounds, lest, if they be neglected their tears should aggravate the wound, and the fire of their sorrow become inflamed, it is a good thing to listen to words of consolation, and restraining for a brief season at least the fountain of thy tears to surrender thyself to those who endeavour to console thee. On this account I abstained from troubling you when your sorrow was at its height, and the thunderbolt had only just fallen upon you; but having waited an interval and permitted you to take your fill of mourning, now that you are able to look out a little through the mist, and to open your ears to those who attempt to comfort you, I also would second the words of your handmaids by some contributions of my own. For whilst the tempest is still severe, and a full gale of sorrow is blowing, he who exhorts another to desist from grief would only provoke him to increased lamentations and having incurred his hatred would add fuel to the flame by such speeches besides being regarded himself as an unkind and foolish person. But when the troubled water has begun to subside, and God has allayed the fury of the waves, then we may freely spread the sails of our discourse. For in a moderate storm skill may perhaps play its part; but when the onslaught of the wind is irresistible experience is of no avail. For these reasons I have hitherto held my peace, and even now have only just ventured to break silence because I have heard from thy uncle that one may begin to take courage, as some of your more esteemed handmaids are now venturing to discourse at length upon these matters, women also outside your own household, who are your kinsfolk, or are otherwise qualified for this office. Now if you allow them to talk to you I have the greatest hope and confidence that you will not disdain my words but do your best to give them a calm and quiet hearing. Under any circumstances indeed the female sex is the more apt to be sensitive to suffering; but when in addition there is youth, and untimely widowhood, and inexperience in business, and a great crowd of cares, while the whole life previously has been nurtured in the midst of luxury, and cheerfulness and wealth, the evil is increased many fold, and if she who is subjected to it does not obtain help from on high even an accidental thought will be able to unhinge her. Now I hold this to be the foremost and greatest evidence of God's care concerning thee; for that thou hast not been overwhelmed by grief, nor driven out of thy natural condition of mind when such great troubles suddenly concurred to afflict thee was not due to any human assistance but to the almighty hand the understanding of which there is no measure, the wisdom which is past finding out, the "Father of mercies and the God of all comfort." 1 "For He Himself" it is said "hath smitten us, and He will heal us; He will strike, and He will dress the wound and make us whole." 2
For as long as that blessed husband of thine was with thee, thou didst enjoy honour, and care and zealous attention; in fact you enjoyed such as you might expect to enjoy from a husband; but since God took him to Himself He has supplied his place to thee. And this is not my saying but that of the blessed prophet David for he says "He will take up the fatherless and the widow," 3 and elsewhere he calls Him "father of the fatherless and judge of the widow;" 4 thus in many passages thou wilt see that He earnestly considereth the cause of this class of mankind.
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À une jeune veuve
1.
Oui, vous avez été cruellement frappée; c'est à l'endroit le plus sensible de vous-même que vous avez reçu le trait lancé d'en-haut. Cela n'est que trop vrai, et les plus stoïques ne vous contrediront pas. Mais quand on a été blessé, il reste autre chose à faire que de passer sa vie dans le deuil et les larmes, il faut songer à la guérison de ses blessures; c'est à cela qu'il faut consacrer tous- ses soins : la négligence et les larmes ne feraient qu'envenimer la plaie, que rendre plus violente et plus forte la flamme de la douleur. Ecoutez donc patiemment mes discours consolateurs; arrêtez un peu le cours de vos larmes pour accueillir celui qui veut adoucir l'amertume de vos regrets.
Je n'ai point osé aborder ce sujet dans la première irritation de votre douleur, et comme dans le premier étourdissement du coup de foudre qui vous avait frappé. J'ai longtemps gardé un silence prudent, j'ai laissé votre coeur se rassasier librement de son deuil et de ses larmes; mais aujourd'hui que vos yeux sont moins noyés de pleurs, et que vos oreilles peuvent s'ouvrir à quelques paroles de consolation, je viens joindre mes bons offices à ceux des personnes de votre intérieur. Tant que la tempête n'a rien perdu de sa violence, et que l'affliction bouleverse l'âme de son souffle le plus impétueux, toute consolation est intempestive, et ne provoque qu'un nouveau chagrin; aussi tout le fruit qu'on en retire, est-il d'aigrir la plaie, d'attiser l'incendie et de s'attirer le mépris et la haine. Mais quand l'orage s'apaise, quand Dieu calme la violence des flots, nous déployons avec succès les voiles d'une parole amie; c'est ainsi que l'habileté du pilote triomphe d'une faible tempête, et succombe sous les fureurs de l'ouragan. Tel est le motif de mon long silence, et aujourd'hui encore j'hésiterais à le rompre, si votre oncle ne m'avait pleinement rassuré ; il m'a dit que les femmes qui vous servent osent déjà, et peut-être peu respectueusement, vous adresser de longues consolations; et il a ajouté que vos parentes et vos amies s'empressent également à vous offrir leurs condoléances; c'est pourquoi je puis espérer, ou plutôt je suis certain que vous ne rejetterez point mes paroles, et que même vous les accueillerez avec calme et avec tranquillité.
La femme se laisse facilement maîtriser par la douleur, mais lorsque, jeune encore, elle est devenue veuve, et qu'accoutumée à une vie de délices, de luxe et d'opulence, elle se voit soudain, sans aucune expérience des affaires, accablée de soins et de soucis, son malheur s'aggrave si fortement qu'il la précipiterait dans le désespoir, si le Seigneur n'étendait sur elle sa main protectrice. Or, ce secours ne vous a point manqué; et ici je trouve une grande preuve de la bonté de Dieu envers vous, car si le poids de tant de maux fondant sur vous à la fois ne vous a pas brisée, vous le devez non à une assistance humaine, mais à celui dont la puissance est infinie, la sagesse insondable, qui est le père des miséricordes et le Dieu de toute consolation. C'est lui, dit le Prophète, qui nous a frappés, mais il nous guérira; il nous a blessés, mais il fermera nos plaies. (Osée. VI. 2.) Lorsque vivait votre saint époux, vous partagiez sa gloire et vous jouissiez de son affection et de son amour. Hélas ! il était mortel, et votre bonheur était attaché à sa vie; aujourd'hui le Seigneur qui l'a rappelé à lui a pris sa place auprès de vous : ce n'est pas moi qui le dis, mais le Roi-Prophète : Le Seigneur, dit-il, protégera la veuve et l'orphelin; et ailleurs il le nomme le père des orphelins et le soutien des veuves (Ps. CXLV, 9; LXVII, 6), tant il est vrai que Dieu prend soin de tous ceux qui sont faibles et délaissés !