3.
« Les travaux de votre charité ». A aimer d'une manière telle quelle, le travail est nul, mais il est grand à aimer véritablement, sincèrement. Lorsque tout est mis en oeuvre pour nous détacher de la charité, et que nous résistons à tout, n'est-ce pas un travail? Et que n'avaient-ils pas souffert, ces fidèles de Thessalonique, pour ne pas s'écarter de la charité ? Les adversaires de l'Evangile (180) n'allèrent-ils pas trouver l'hôte de Paul, et, ne l'ayant pas trouvé, n'entraînèrent-ils pas Jason, devant les magistrats? Etait-ce peu de chose, dites-moi, pour ces chrétiens, dont la foi ne faisait encore que de naître et n'avait pas acquis toute sa solidité, d'avoir à supporter un tel orage, de telles épreuves? « Ils exigèrent de lui une caution», dit le livre des Actes (XVII), et l'ayant obtenue, ils laissèrent aller Paul. Etait-ce donc peu de chose que cela ? Est-ce que Jason ne s'exposait pas à mourir à la place de Paul? C'est cet attachement à toute épreuve que l'apôtre appelle « le travail, de leur charité ».
Remarquez que l'apôtre ne parle de lui-même qu'après avoir fait l'éloge des Thessaloniciens, en sorte qu'il ne paraît ni se vanter, ni les aimer sans raison et comme par anticipation. — « Et votre fermeté». La persécution, en effet, n'avait pas duré qu'un instant, elle n'avait pas cessé. Les disciples y étaient en butte aussi bien que leur maître. Comment ceux qui persécutaient des hommes tels que les apôtres, des hommes qui opéraient des miracles et se montraient de toute manière si respectables, comment ceux-là auraient-ils épargné des gens de la même ville et de la même maison qu'eux qui, tout à coup, passaient dans le camp de Jésus-Christ? C'est à la fermeté de ces fidèles que l'apôtre rend témoignage en disant : «Vous avez été les imitateurs des Églises de Dieu qui sont en Judée ». (I Thess. II, 14.)
« Et l'espérance que vous avez en Jésus- Christ, devant Dieu notre Père ». Rien de plus juste que ces expressions, car la foi et l'espérance sont le principe de tout ce qu'ils ont fait. Leur conduite ne prouvait pas seulement qu'ils avaient du courage, mais encore qu'ils ajoutaient une foi pleine et entière aux récompenses, qui leur étaient réservées. Dieu permettait qu'il y eût des persécutions dès le commencement, afin que personne ne vînt dire que la prédication évangélique avait réussi d'une manière toute simple par l'intrigue et la flatterie; il le permettait encore pour faire paraître l'ardeur des fidèles, pour montrer qu'une foi assez ferme pour affronter mille morts n'était pas l'oeuvre d'une persuasion humaine, mais de la toute-puissante vertu de Dieu. Il fallait pour cela que, dès le commencement, la prédication fût profondément enracinée et assez solidement plantée pour ne craindre aucun orage.
