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Contre Hermogène
III.
Il ajoute encore: Dieu a toujours été Dieu; toujours aussi il a été Seigneur; pas un moment où il n'ait été Dieu. Or, il ne pourrait avoir été toujours Seigneur, non plus que toujours Dieu, si quelque chose n'avait toujours existé autrefois, dont il fût toujours le Seigneur; donc la Matière a toujours existé avec Dieu.
Hâtons-nous de réduire au néant cette dernière opinion d'Hermogène que j'ai cru devoir ajouter ici à cause de ceux qui ne comprennent pas pourquoi cette addition, afin qu'ils sachent que tous ses autres raisonnements sont aussitôt réfutés que compris. Nous déclarons que le nom de Dieu a de toute éternité résidé en lui-même; mais il n'en va point ainsi du nom de Seigneur, parce que la nature de l'un et de l'autre diffère. Dieu est le nom de la substance elle-même, c'est-à-dire de la divinité. Seigneur, au contraire, n'est pas le nom de la substance, mais de la puissance; la substance a toujours existé avec son nom, qui est Dieu. Seigneur est la mention d'une chose nouvellement survenue. Car, à dater du jour où il y eut pour la première fois des êtres sur lesquels s'exerça la puissance du Seigneur, dès ce moment il est devenu et il a été appelé Seigneur, par cet accroissement de puissance. Parce que Dieu est père, Dieu est aussi juge; mais il ne s'ensuit pas qu'il ait toujours été père, ni qu'il ait toujours été juge, parce qu'il a toujours été Dieu. En effet, il n'a pu être père avant d'avoir un fils, ni juge avant qu'il y eût des offenses. Or, il y a eu un temps où il n'existait ni offense pour faire de Dieu un juge, ni fils pour faire de lui un père. De même, il n'a pas été Seigneur avant le domaine qui le constituât Seigneur; mais comme il devait être Seigneur un jour, ainsi qu'il est devenu père par un fils, ainsi qu'il est devenu juge par une offense, il est devenu Seigneur par les êtres qu'il avait créés pour le servir.
---- Pures subtilités! s'écrie Hermogène.
---- Nous avons pour nous le patronage de l'Ecriture, qui distingue en Dieu ces deux noms, et les manifeste chacun en leur temps. En effet, Dieu s'appelle d'abord Dieu, ce qu'il était toujours: « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » Ensuite, tant qu'il crée les êtres dont il allait devenir Seigneur, il dit encore simplement: « Et Dieu dit.... Et Dieu fit.. Et Dieu vit... » Nul part alors de Seigneur. Mais il n'a pas plutôt créé l'univers et surtout l'homme lui-même, qui devait seul connaître son Seigneur, qu'il se surnomme Seigneur. Alors aussi il ajoute à son nom ce titre: « Et le Seigneur Dieu prit l'homme qu'il avait formé.... Et le Seigneur Dieu commanda. » Dès ce moment, Dieu qui n'était que Dieu, devint Seigneur, depuis qu'il y eut un domaine dont il fût le maître. Jusque là, il était Dieu pour lui-même; il commença d'être Dieu pour les choses, lorsqu'il en fut le Seigneur. Conséquemment, plus on s'imagine que la Matière a toujours subsisté, par la raison que Dieu a toujours été Seigneur, plus il est constant que rien n'a existé, puisqu'il est certain que Dieu n'a pas toujours été Seigneur.
J'ajoute encore une réflexion à cause de ceux qui ne comprennent pas; ---- Hermogène en est la dernière limite, ---- et je retourne contre lui ses propres conceptions. Puisqu'il nie que la Matière ait pris naissance ou qu'elle ait été faite, je trouve encore que le nom de Seigneur ne convient pas à Dieu par rapport à la Matière, car il faut nécessairement qu'elle ail été libre, puisque n'ayant point eu de commencement, elle n'a pu avoir de Créateur: ce qui existe par soi-même n'est asservi à qui que ce soit. Par conséquent, depuis que Dieu a exercé sur elle sa puissance, en produisant à l'aide de la Matière, dès ce moment, la Matière en subissant l'action de Dieu à titre de Seigneur, prouve invinciblement que Dieu n'a pas été Seigneur de tout temps.
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Gegen Hermogenes. (BKV)
3. Cap. Wenn die Materie, argumentiert er weiter, nicht immer existiert hätte, so wäre Gott nicht immer Herr gewesen; denn er hätte dann kein Objekt seiner Herrschaft gehabt. Dieses Argument aber kehrt sich gegen Hermogenes selber.
Daran reiht Hermogenes noch einen andern Beweis: Gott, sagt er, sei stets Gott und auch stets Herr gewesen und niemals nicht Gott. Nun sei es aber in keiner Weise möglich, dass er beständig als Herr und beständig als Gott gelte, wenn es nicht in früherer Zeit immer etwas gab, worüber er Herr war. Es habe also beständig eine Materie gegeben, für die er Herr und Gott war. — Diese seine Annahme will ich mich beeilen, gleich hier in ihr Nichts aufzulösen. Ich habe nur wegen der Unkundigen noch geglaubt, sie anführen zu sollen, damit sie sehen, dass man auch seine übrigen Beweise zu verstehen und zu widerlegen wisse.
In Betreff der Benennung „Gott” behaupten wir, dass sie sich stets bei ihm und in ihm gefunden habe, die Benennung „Herr” dagegen nicht. Es verhält sich nämlich mit beiden verschieden. Gott ist der Name für seine Substanz, d. h. das göttliche Wesen selbst, „Herr” dagegen bezeichnet nicht die Substanz, sondern die Macht. Die Substanz und ihr Name, nämlich Gott, waren stets bei einander; die Bezeichnung Herr folgte nachher, als Hindeutung auf ein hinzutretendes Moment. Seitdem es nämlich angefangen hatte, Dinge zu geben, an welchen sich die Macht des Herrn S. 64 bethätigen konnte, von da an wurde er durch Hinzutritt des Machtverhältnisses dem Namen und der Sache nach Herr. Denn Gott ist ja auch Vater und auch Richter, ohne jedoch darum, weil er immer Gott ist, auch beständig Vater und Richter zu sein. Denn er konnte weder Vater sein vor dem Sohn, noch Richter vor der Sünde. Es war aber eine Zeit, wo es für ihn keinen Sohn1 und keine Sünde gab, wodurch er zum Richter und Vater hätte werden können. So war er auch nicht Herr vor der Existenz dessen, wovon er der Herr hätte sein können; sondern er sollte nur künftig Herr werden; wie er Vater durch den Sohn und Richter nach der Sünde wurde, so Herr durch das, was er zu seinem Dienste erschuf.
Scheinen dir das Spitzfindigkeiten, Hermogenes? Wacker steht uns die hl. Schrift zur Seite, welche diese beiden Namen bei ihm auseinander hält und sie zu ihrer Zeit hervortreten lässt, nämlich die Bezeichnung Gott, was er stets war, gibt sie ihm sofort: „Im Anfang schuf Gott Himmel und Erde”2 und auch nachher noch, so lange er die Dinge noch schuf, deren Herr er sein sollte, setzt sie bloss den Namen Gott: Gott sprach, Gott machte, Gott sah, nirgends steht noch „Herr”. Als aber alles vollendet war und vor allem der Mensch selbst, der ihn im eigentlichen Sinne als Herrn anerkennen und auch als Herrn bezeichnen sollte, da erst wird auch noch die Benennung Herr beigesetzt: „Gott, der Herr, nahm den Menschen, den er gebildet hatte” und „Gott, der Herr, befahl dem Adam.”3 Seitdem er etwas hat, was ihm zugehört, ist er auch Herr, da er früher bloss Gott gewesen war. Denn Gott war er an und für sich; für die Dinge aber war er zu gleicher Zeit Gott, als er ihr Herr war. So sehr Hermogenes also überzeugt ist, es habe stets eine Materie gegeben, weil Gott stets Herr gewesen sei, in demselben Maasse wird es zur Gewissheit werden, dass einmal nichts existirte, weil es gewiss ist, dass Gott nicht immer Herr war. Ich will noch mehr darüber sagen, um derentwillen, die es noch nicht verstehen, zu denen Hermogenes in erster Linie gehört, und will seine Versuche gegen ihn selbst kehren. Da er nämlich behauptet, die Materie sei weder geschaffen noch geworden, so finde ich, dass auch in dieser Hinsicht die Benennung „Herr” der Materie gegenüber Gott nicht zukommt; denn sie muss notwendig unabhängig sein; da sie keinen Ursprung hat, so hat sie auch keinen Urheber; sie verdankt niemandem ihr Dasein. Daher ist sie auch niemandem unterthänig. Also von dem Augenblicke an, wo Gott seine Macht gegen die Materie bethätigte, indem er sie zum Schaffen verwendete, von diesem Augenblicke an liess sie Gott als Herrn über sich schalten und beweist damit, dass er dieses4 so lange nicht war, als sie jenes war.