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De Fuga in Persecutione
II.
[1] Si, quod iniquitas a deo non est, sed a diabolo, persecutio autem ex iniquitate consistit ---- quid enim iniquius quam veri dei antistites, omnis sectatores veritatis, nocentissimorum more tractari? ---- , ideo videtur persecutio a diabolo evenire, a quo iniquitas agitur, ex qua constat persecutio, scire debemus, quatenus nec persecutio potest sine iniquitate diaboli nec probatio fidei sine persecutione propter probationem fidei necessariam, iniquitatem non patrocinium praesentare persecutioni, sed ministerium; praecedere enim dei voluntatem circa fidei probationem, quae est ratio persecutionis, sequi autem diaboli iniquitatem ad instrumentum persecutionis, quae ratio est probationis. [2] Nam et alias in quantum iustitiae iniquitas aemula est, in tantum materia est ad testimonium eius, cuius est aemula, ut sic iustitia iniquitate perficiatur, quomodo virtus in infirmitate perficitur. Nam infirma mundi electa sunt a deo, ut confundantur fortia, et stulta eius, ut confundantur sapientia. Ita et iniquitas adhibetur, ut iustitia probetur confundens iniquitatem. Igitur, quod ministerium non est arbitrii, sed servitii ---- arbitrium enim domini persecutio propter fidei probationem, ministerium autem iniquitas diaboli propter persecutionis instructionem ----, ita eam per diabolum si forte, non a diabolo evenire credimus. [3] Nihil satanae in servos dei vivi licebit, nisi permiserit dominus, ut aut ipsum destruat per fidem electorum in temptatione victricem aut homines eius fuisse traducat, qui defecerint ad illum. Habes exemplum Iob, cui diabolus nullam potuit incutere temptationem, nisi a deo accepisset potestatem, nec in substantiam quidem eius, nisi dominus Ecce, dixisset, omnia, quae sunt ei, in manu tua do, in ipsum autem ne extenderis manum. Denique nec extendit nisi posteaquam et hoc postulanti dominus Ecce, dixisset, trado tibi illum, tantum animam eius custodi. [4] Sic et in apostolos facultatem temptationis postulavit non habens eam scilicet nisi ex permissu, siquidem dominus in evangelio ad Petrum Ecce, inquit, postulavit satanas, uti cerneret vos velut frumentum, verum ego rogavi pro te, ne deficeret fides tua, id est, ne tantum diabolo permitteretur, ut fides periclitaretur. Per quod ostenditur utrumque apud deum esse, et concussionem fidei et protectionem, cum utrumque ab eo petitur, concussio a diabolo, protectio a filio.
[5] Et utique cum filius dei protectionem fidei habet in sua potestate, quam a patre postulat, a quo omnem accipit potestatem in caelis et in terris, quale est, ut concussionem fidei diabolus in manu sua habeat? Sed in legitima oratione, cum dicimus ad patrem: Ne nos inducas in temptationem ---- quae autem maior temptatio quam persecutio? ----, ab eo illam profitemur accidere, a quo veniam eius deprecamur; hoc est enim quod sequitur: Sed erue nos a maligno, id est, ne nos induxeris in temptationem permittendo nos maligno; tunc enim eruimur diaboli manibus, cum illi non tradimur in temptationem.
[6] Nec in porcoram gregem diaboli legio habuit potestatem, nisi eam de deo impetrasset; tantum potestatem abest ut in oves dei habeat. Possum quoque dicere porcorum quoque setas tunc numeratas apud deum fuisse, nedum capillos sanctorum. [7] Habere videtur diabolus propriam iam potestatem si forte in eos, qui ad deum non pertinent, semel 'in stillam situlae et in pulverem areae et in salivam' nationibus deputatis a deo ac per hoc diabolo expositis in vacuam quodammodo possessionem; [8] ceterum in domesticos dei nihil illi licet ex propria potestate, quia, quando liceat, id est ex quibus causis, exempla in scripturis signata demonstrant. Aut enim ex causa probationis conceditur ei ius temptationis provocato vel provocanti ut in superioribus aut ex causa reprobationis traditur ei peccator quasi carnifici in poenam ut Saul ---- Et abscessit, inquit, spiritus domini a Saule et concutiebat eum spiritus nequam a domino et suffocabat eum ---- aut ex causa cohibitionis, ut apostolus refert datum sibi sudem angelum satanae, ut colaphizaretur, ne
Traduction
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De la fuite pendant la persécution
II.
«L'iniquité ne vient pas de Dieu, me direz-vous peut-être, mais du démon. Or, la persécution est une criante iniquité. Quelle iniquité plus criante que de traiter comme les plus vils criminels les pontifes du Dieu véritable, les adorateurs de la vérité par excellence! La persécution par conséquent ne semble pouvoir venir que du démon, père de l'iniquité, dont se forme la persécution.»
Puisque, d'une part, la persécution ne peut aller sans. l'iniquité du démon, ni l'épreuve de la foi sans la persécution, nous devons savoir que l'iniquité est nécessaire à l'épreuve de la foi, non pas qu'elle justifie la persécution, mais comme instrument. La volonté de Dieu qui éprouve la foi est la cause première de la persécution. Arrive ensuite l'iniquité du démon, qui est le moyen par lequel s'accomplit l'épreuve. D'ailleurs, autant l'iniquité est!'ennemie de la justice, autant elle sert à rendre témoignage à sa rivale, afin que la justice se perfectionne dans l'iniquité, de même que «la force se perfectionne dans la foiblesse. Car Dieu a choisi les foibles selon le monde, pour confondre les forts: il a choisi les moins sages pour confondre les sages.» Voilà pourquoi il est -permis à l'iniquité de lever la tête, afin!que la justice soit éprouvée et l'iniquité confondue. Son ministère n'est donc pas le ministère d'un agent libre, mais d'un instrument passif. L'agent, c'est le Seigneur qui déchaîne la persécution pour éprouver la foi; l'instrument, c'est l'iniquité du démon qui forme la persécution. L'épreuve, au lieu de venir du démon, nous vient par le démon.
Satan n'a aucun pouvoir sur les serviteurs du Dieu vivant, à moins que le Seigneur ne le lui accorde, soit pour lui écraser la tête par la foi des élus, victorieuse dans l'assaut; soit pour attester que ceux qui se sont rangés sous ses drapeaux lui appartiennent déjà. Nous avons l'exemple de Job que le démon ne put tenter, à moins d'en avoir reçu la permission du Seigneur. Que dis-je? Il ne put même l'attaquer dans ses biens avant que Dieu lui eût dit: «Voilà que je te donne puissance sur tout ce qui est à lui; mais ne porte pas ta main sur lui.» Effectivement, le démon n'étendit la main sur Job que quand il eut reçu cette permission: «Voilà qu'il est en ta puissance; mais garde-toi d'attenter à sa vie.»
De même il sollicita la permission de tenter les Apôtres; car de lui-même il ne l'avait pas. Témoin la parole que le Seigneur adresse à Pierre dans l'Evangile: «Voilà que Satan a désiré te passer au crible, comme le froment. Et moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaillît pas;» c'est-à-dire, qu'il ne fût pas donné au démon de pousser l'épreuve jusqu'à mettre ta foi en péril. 11 suit de là que l'attaque et la protection de la foi sont l'une et l'autre dans les mains de Dieu, puisque Satan lui demande la première et le Fils de Dieu la seconde. D'ailleurs, le Fils de Dieu ayant en sa puissance la protection de la foi, qu'il a demandée à son Père, «de qui il a reçu toute puissance dans le ciel et sur la terre,» comment le démon aurait-il en lui la faculté d'attaquer la foi? Lorsque, dans l'Oraison dominicale, code abrégé de la loi, nous disons au Père: «Ne nous induisez point en tentation,» et quelle est la tentation comparable à celle de la persécution? nous déclarons solennellement que la tentation vient de celui auquel nous demandons de nous en préserver. Voilà pourquoi nous ajoutons: «Mais délivrez-nous du mal.» Qu'est-ce à dire? Ne nous abandonnez point à la tentation en nous livrant à l'esprit du mal. C'est nous arracher aux mains de Satan que de ne pas nous livrer à ses tentations.
Le démon, qui s'appelait Légion, n'aurait pas même eu de puissance sur les pourceaux, si Dieu ne la lui eût accordée; comment en aurait-il même sur les brebis du Seigneur? Je dirai plus; les soies de ces pourceaux étaient alors comptées, à plus forte raison les cheveux de ses saints. Si le démon paraît exercer quelque puissance particulière, ce ne peut être que sur ceux qui n'appartiennent pas au Seigneur, sur les Gentils, «qui sont devant Dieu comme une goutte d'eau dans un vase d'airain, un grain de sable dans une balance, une vile matière que la bouche rejette,» domaine qui n'a pas de maître, et livré par là même aux incursions de Satan. Mais sur les serviteurs de Dieu, il n'a aucune puissance en propre. En quel lieu, dans quel temps lui est-il permis de les attaquer? L'Ecriture sainte nous le montre par plus d'un exemple. Le droit de les tenter lui est accordé par intervalle pour éprouver les justes, soit que Dieu devance ou écoute ses sollicitations, comme dans les exemples précédents. Quelquefois le pécheur réprouvé est livré à ses tortures, comme les criminels au bourreau; ainsi de Saül. «L'esprit de l'Eternel se relira de Saül; et l'esprit mauvais le tourmentait par l'ordre du Seigneur.» Quelquefois aussi cette épreuve a pour but de nous corriger. Témoin les paroles de l'Apôtre: «Un aiguillon a été donné à ma chair comme un ange de Satan pour me souffleter.» Il n'est permis à Satan d'humilier ainsi les saints par la tribulation de la chair, que pour exercer leur patience «et fortifier leur vertu par le sentiment de leur faiblesse.» Voilà pourquoi le même Apôtre «livre au démon Phygèle et Hermogène. Il veut qu'ils se corrigent, mais non qu'ils blasphèment.» Tu le vois, le démon peut recevoir sa puissance des mains des serviteurs de Dieu. Tant s'en faut par conséquent qu'il ait lui-même sur eux quelque puissance.