3.
Voici de quelle manière les Manichéens ont coutume de censurer le premier livre de l'ancien Testament, intitulé : la Genèse. A propos de ces mots : « Dans le principe Dieu créa le ciel et la terre 1, » ils demandent de quel principe il s'agit. Si c'est dans quelque principe de temps que Dieu a fait le ciel et la terre, disent-ils, de quoi s'occupait-il avant qu'il fit le ciel et la terre, et pourquoi lui a-t-il plu tout-à-coup de faire ce qu'il n'avait jamais fait dans les siècles éternels? A cela nous répondons que par le principe dans lequel Dieu a fait le ciel et la terre, il faut entendre non le principe du temps, mais le Christ, puisque en Dieu le Père était le Verbe par qui et eu qui tout a été fait 2. En effet lorsque les Juifs lui demandèrent qui il était, Notre-Seigneur Jésus-Christ répondit. «Je suis le principe, moi-même qui vous parle 3. » Et quand nous croirions que Dieu a fait le Ciel et la terre dans le principe du temps; ne devrions-nous pas comprendre qu'avant le principe du temps, il n'y avait point de temps ? Car Dieu a fait les temps eux-mêmes; ainsi avant que Dieu les eût faits il n'y en avait pas, et nous ne pouvons dire qu'il y a eu un certain temps où Dieu n'avait encore rien fait. Comment en effet pouvait-il y avoir un temps que Dieu n'avait point fait, puisqu'il est lui-même l'auteur de tous les temps? D'ailleurs si le temps a commencé avec le ciel et la terre, on ne peut trouver de temps où Dieu n'aurait pas encore créé le ciel et la terre. Or quand on dit : pourquoi la volonté lui est-elle venue tout-à-coup ? on le dit comme si déjà s'étaient écoulés des temps où Dieu n'eût. rien fait. Mais il ne pouvait s'écouler un temps que Dieu n'avait pas encore fait, car celui-là seul peut être l'auteur du temps qui existe avant les temps. Sans aucun doute les Manichéens lisent l'Apôtre saint Paul, ils le citent et l'ont en grande estime. Qu'ils nous disent donc ce que signifient ces paroles du même Apôtre : « La connaissance de la vérité, qui est selon la piété envers Dieu et qui donne l'espérance de la vie éternelle, que Dieu incapable de mentir a promise avant tous les siècles 4. » Qu'ils s'obligent à exposer ce passage et ils comprendront qu'ils ne comprennent pas, quand ils veulent reprendre témérairement ce qu'ils auraient dû étudier avec soin.
