CHAPITRE PREMIER. DESSEIN DE L'AUTEUR.
Fauste, né en Afrique, dans la ville de Milève, unissait au charme de la parole la souplesse du génie. En s'attachant à la secte des Manichéens, il s'était égaré dans les plus monstrueuses erreurs. J'avais eu occasion de le connaître, comme j'en ai parlé dans mes Confessions[^1]. II avait publié un livre contre la vraie foi chrétienne et la vérité catholique. Ce livre vint à tomber entre nos mains; et nos frères, après l'avoir lu, nous prièrent et nous conjurèrent au nom de la charité qui m'unissait à eux, d'y répondre. Je vais donc l'entreprendre au nom et avec l'aide du Seigneur, afin de montrer à tous ceux qui liront cet ouvrage, que le plus perçant génie et la langue la plus éloquente ne sont rien, si le Seigneur lui-même ne dirige les pas de l'homme[^2]. Par un juste et secret jugement de Dieu, la divine miséricorde, les intelligences les plus tardives et les plus faibles ont su comprendre cette vérité, tandis que tant d'autres génies, fiers de leur pénétration et de leur faconde, mais privés du secours de Dieu, n'ont abouti, dans leur course rapide et obstinée, qu'à s'éloigner de plus en plus de la voie de la vérité. Il m'a paru avantageux d'exposer sa doctrine et mes réponses sous notre nom respectif.
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Liv. V, ch. III, VI.
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Ps. XXXVI, 23.
