2.
Plusieurs prétendent qu'Adam a été créé à la condition de mourir, quand même il ne l'aurait pas mérité par le péché; c'eût été pour lui, non pas la peine d'une faute, mais une nécessité de nature. Conséquemment, quand nous lisons dans la loi de Dieu : « Le jour où vous mangerez de ce fruit vous mourrez de mort1 », cet arrêt terrible, on s'efforce de l'appliquer non pas à la mort corporelle, mais à la mort que le péché produit dans l'âme; à cette mort dont.le Seigneur nous a montré l'oeuvre dans les infidèles, puisqu'il dit en parlant d'eux : « Laissez les morts ensevelir leurs morts2 ».
Mais que répondre, en cette hypothèse, à ce texte où nous lisons qu'après le péché même Dieu adresse à l'homme cet arrêt, cette condamnation : « Tu es terre et tu retourneras dans la terre3 ? » Ce n'est point, en effet, par son âme, c'est bien évidemment par son corps que l'homme était poussière, et c'est par la mort de ce même corps qu'il devait retourner en poussière. Donc aussi, bien qu'étant poussière par son corps, bien que conservant pour un temps ce corps purement animal avec lequel il avait été créé, il devait toutefois, s'il n'avait pas péché, être un jour changé en un corps spirituel, et passer ainsi, sans l'épreuve de la mort, dans cette condition nouvelle d'incorruptibilité qui est promise aux fidèles et aux saints : heureux état, dont nous ne sentons pas seulement le désir en nous-mêmes, mais dont nous avons la connaissance par cette leçon que nous fait l'Apôtre : « En effet, nous gémissons en ce point, désirant que notre habitation céleste recouvre celle-ci, en supposant toutefois que nous soyons trouvés vêtus et non point nus. Car, nous qui sommes dans cette habitation d'ici-bas, nous gémissons sous son fardeau, et pourtant nous ne voulons pas en être dépouillés, mais seulement recevoir par-dessus elle un vêtement nouveau, de sorte que le mortel soit absorbé par la vie4 ». — Concluons que si Adam n'avait pas péché, il ne devait point être dépouillé de son corps, mais recevoir sur cette chair un vêtement d'immortalité et d'incorruptibilité, de sorte que l'élément mortel aurait été absorbé par la vie, c'est-à-dire que la partie animale en lui serait devenue toute spirituelle.
