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Ces paroles: « Avant que les montagnes eussent été faites, et que la terre eût été formée et tout l'univers,» peuvent encore signifier, dans un sens moral, que Dieu a été notre refuge avant qu'il eût gravé sa vérité dans nos âmes et formé nos corps, ce petit monde, cette terre que les Hébreux appellent thebel et les Grecs : habitée; car notre âme, est une terre habitée lorsque Dieu daigne, y faire sa demeure, selon cette parole du Sauveur: « Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. » Le texte hébreu et les autres versions portent : « Avant la naissance des montagnes et la génération de la terre ; » mais comme les termes de naissance et de « génération» ne peuvent convenir à la terre ni aux montagnes, qui sont proprement créées, ces expressions nous conduisent naturellement à un sens moral, et nous donnent à entendre que Dieu, par sa miséricorde ne cesse point de créer et de former les âmes saintes et les plus sublimes vertus.
« Vous convertirez l’homme jusqu'à le briser, et vous direz; « Revenez, ô enfants d'Adam ! » Il y a dans les Septante : « Ne réduisez pas l’homme dans le dernier abaissement, puisque vous avez dit : « Convertissez-vous, ô enfants des hommes ! » Voici comment on doit expliquer ce passage selon le texte hébreu: O Dieu, qui avez créé l'homme et qui êtes son refuge ou sa demeure dès le commencement, vous le convertirez jusqu'à le briser; car vous l'avez fait et formé de telle sorte que la mort doit le réduire en poudre, et que ce beau vase n'est sorti de vos mains que pour être brisé à la fin de sa vie; sa destinée est de naître pour mourir, quelque longue que soit sa vie, elle doit toujours finir par son entière destruction. Vous lui dites tous les jours par vos prophètes : Revenez, ô enfants d’Adam ! vous qui avez offensé Dieu et qui, d'immortels que vous étiez, êtes devenus sujets à la mort parce que vous avez été sourds à ce commandement que je vous ai fait: « Mangez de tous les fruits du arbres du paradis, mais ne mangez point de l’arbre du fruit de la science du bien et du mal, car au moment même que vous en mangerez, vous mourrez très certainement. »
