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De resurrectione carnis
V.
[1] Igitur quoniam et rudes quique de communibus adhuc sensibus sapiunt, et dubii et simplices per eosdem sensus denuo inquietantur, et ubique primus iste in nos aries temperatur quo carnis condicio quassatur, necessario et a nobis carnis primum condicio munietur, vituperatione laudatione depulsa: ita nos rhetoricari quoque provocant haeretici, sicut etiam philosophari philosophi. [2] Futtile et frivolum istud corpusculum, quod malum denique appellare non horrent, etsi angelorum fuisset operatio ut Menandro et Marco placet, etsi ignei alicuius extructio aeque angeli ut Apelles docet, sufficeret ad auctoritatem carnis secundae divinitatis patrocinium: angelos post deum novimus. [3] Iam nunc quisquis ille summus deus haeretici cuiusque est, non immerito ab ipso quoque deducerem carnis dignitatem a quo voluntas producendae eius adfuisset: utique enim prohibuisset fieri quam fieri scisset, si fieri noluisset. Itaque et secundum illos aeque caro dei res: nihil operis non eius est qui passus est esse. [4] Bene autem quod et plures et duriores quaeque doctrinae totam hominis figulationem deo nostro cedunt. Quantus hic sit satis nosti qui unicum credidisti. Incipiat iam tibi caro placere cuius artifex tantus est. [5] 'Sed et mundus iste, inquis, dei opus est, et tamen praeterit habitus mundi huius, apostolo quoque auctore, nec idcirco restitutio mundi praeiudicabitur quia dei opus est: et utique si universitas inreformabilis post decessum, quid portio?' Plane, si portio universitati adaequatur. [6] Ad distantias enim provocamus. Primo quidem, quod omnia sermone dei facta sunt et sine illo nihil, caro autem et sermone dei constitit propter formam, ne quid sine sermone----Faciamus enim hominem ante praemisit----et amplius manu propter praelationem, ne universitati compararetur----Et finxit inquit deus hominem----[7] magnae sine dubio differentiae ratio, pro condicione scilicet rerum: minora enim quae fiebant eo cui fiebant, siquidem homini fiebant cui mox a deo addicta sunt. Merito igitur, ut famula, iussu et imperio et sola vocali potestate universa processerant; contra homo, ut dominus eorum, in hoc ab ipso deo extructus est ut dominus esse possit dum fit a domino. [8] Hominem autem memento carnem proprie dici, quae prior vocabulum hominis occupavit. Et finxit deus hominem limum de terra: iam homo qui adhuc limus: Et insufflavit in faciem eius flatum vitae et factus est homo, id est limus, in animam vivam, et posuit deus hominem quem finxit in paradiso. Adeo homo figmentum primo, dehinc totus. [9] Hoc eo commendarim uti quidquid omnino homini a deo prospectum atque promissum est non soli animae verum et carni scias debitum, ut si non ex consortio generis certe vel ex privilegio nominis.
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De la résurrection de la chair
V.
Ainsi, puisque les esprits peu éclairés pensent d'après les notions communes, et que les âmes simples et incertaines s'en laissent troubler, puisque partout le mépris pour la chair est le premier bélier que l'on fait jouer contre nous, il est nécessaire, à notre tour, de défendre la chair. Repoussons le blâme par l'éloge. Les hérétiques nous jettent malgré nous dans la rhétorique et dans la philosophie. Quand même ce corps, débile et frêle, qu'ils ne rougissent pas d'appeler mauvais, serait l'ouvrage des anges, comme l'affirment Ménandre et Marc, ou de quelque substance ignée, qui est également angélique suivant la doctrine d'Apelles, il suffirait, pour la dignité de la chair, du patronage de la seconde divinité. Après Dieu, viennent les anges. Or, quel que soit le Dieu suprême de chaque hérétique, je pourrais rattacher avec justice la dignité de la chair à qui eut la volonté de la produire. Car, sachant qu'elle se produisait, il l'eût empêché, s'il n'en avait pas voulu la production. Ainsi donc, suivant eux, la chair |442 est également l'œuvre de Dieu. Toute œuvre est à celui qui lui a permis d'être.
Heureusement pour notre cause, la plupart des doctrines, et parmi elles les plus solides, accordent à notre Dieu la formation tout entière de l'homme. Quelle est sa puissance, tu le connais suffisamment, toi qui crois à son unité. Que la chair commence donc à le plaire, puisqu'elle a pour auteur un si merveilleux artisan.
---- Mais le monde, me dis-tu, est aussi l'ouvrage de Dieu; et cependant « la figure de ce monde passe, suivant l'apôtre lui-même; » quoiqu'il soit l'œuvre de Dieu, son origine n'est pas un préjugé en faveur de son rétablissement. Que si l'univers, après sa ruine, ne peut revivre, pourquoi une portion de cet univers revivrait-elle?
---- Tu as raison s'il y a égalité entre la partie et le tout. Mais nous soutenons qu'il y a une grande différence. D'abord, parce que tout a « été fait par le Verbe de Dieu, et que sans lui rien n'a été fait. » La chair aura donc été produite aussi dans sa forme par le Verbe de Dieu, pour que rien ne s'exécute sans le Verbe. «Faisons l'homme, » dit-il, avant de le créer; de plus il le façonne de sa main, à cause de sa prééminence, pour qu'il n'entrât point en parallèle avec l'univers. « Et Dieu, est-il dit, forma l'homme. » Merveilleuse différence qui avait sa raison dans la nature des choses. Les êtres créés étaient inférieurs à celui pour qui ils étaient créés; en effet, ils étaient créés pour l'homme auquel Dieu les assigna bientôt après. C'est donc à bon droit que l'universalité des êtres, en leur qualité d'esclaves, étaient sortis du néant, d'après un ordre, et sur l'injonction de la puissance qui leur commandait. L'homme, au contraire, en sa qualité de seigneur, fut formé par Dieu lui-même pour qu'il pût être seigneur, étant formé par le Seigneur. Souviens-toi cependant que la chair proprement dite est ce qui s'appelle l'homme: « Et Dieu forma l'homme du limon de la terre. » C'était déjà l'homme, quoique limon encore. « Et le |443 Créateur lui souffla un esprit de vie, et l'homme, » c'est-à-dire le limon, « reçut une âme vivante. Et Dieu plaça dans le paradis l'homme qu'il venait de créer. » Tant il est vrai que l'homme, argile d'abord, n'a été homme tout entier qu'après.
Pourquoi ces vérités? afin que tu saches que tous les biens destinés et promis à l'homme par Dieu, sont dus non - seulement à l'âme, mais à la chair, sinon par la communauté d'origine, du moins par le privilège du nom.