Edition
Hide
Adversus Iudaeos
V.
[1] Sic et sacrificia terrenarum oblationum et spiritalium [sacrificiorum] praedicata ostendimus, et quidem a primordio maioris filii id est Israelis terrena fuisse in Cain praeostensa sacrificia, sed minotis filii [Abel] id est populi nostri sacrificia diversa demonstrata. [2] Namque maior natu Cain de fructu terrae obtulit munera deo, minor vero filius Abel de fructu ovium suarum. Et respexit deus in Abel et in munera eius, in Cain autem et in munera eius non respexit. Et dixit deus ad Cain: quare concidit vultus tuus ? Nonne, si recte quidem offeras non recte autem dividas, peccasti ? Quiesce; ad te enim conversio eius et tu dominaberis eius. Et tunc dixit Cain ad Abel fratrem suum: eamus in campum. Et abiit cum eo illic et interfecit eum. Et tunc dixit deus ad Cain: ubi est Abel frater tuus? et dixit: nescio; numquid custos fratris mei sum ego? cui deus dixit: vox sanguinis fratris tui proclamat ad me de terra. Propter quod maledicta terra quae aperuit os suum ad excipiendum sanguinem fratris tui. Et gemens et tremens eris super terram, et omnis qui te invenerit occidet te. [3] Ex hoc igitur actu duplicia duorum populorum sacrificia praeostensa iam tunc a primordio animadvertimus. Denique cum per Moysen in Levitico lex sacerdotalis conscriberetur, invenimus praescriptum populo Israeli, ut sacrificia nullo alio in loco offerrentur deo quam in terra promissionis, quam dominus deus daturus esset patribus eorum, ut introducto Israele illic celebrarentur sacrificia et holocausta tam pro peccatis quam pro animabus et nusquam alibi nisi in terra sancta. [4] Cur itaque postea per prophetas praedicat spiritus futurum, ut in omni loco et in omni terra offerantur sacrificia deo ? Sicuti per Malachiam unum ex duodecim prophetis dicit: Non recipiam sacrificium de manibus vestris, quoniam ab oriente sole usque in occidentem nomen meum clarificatum est in omnibus gentibus, dicit dominus omnipotens, et in omni loco offeruntur sacrificia munda nomini meo. Item in psalmis David: Adferte deo, patriae gentium, indubitate quod in omnem terram exire habebat praedicatio apostolorum, adferte deo claritatem et honorem, adferte deo sacrificium nominis eius; tollite hostiam et introite in atria eius. [5] Namque quod non terrenis sacrificiis sed spiritalibus deo litandum sit, ita legimus ut scriptum est: Cor contribulatum et humiliatum hostia deo est, et alibi: Sacrifica deo sacrificium laudis et redde altissimo vota tua. Sic itaque sacrificia spiritalia laudis designantur et cor contribulatum acceptabile sacrificium deo demonstratur. [6] Itaque quomodo carnalia sacrificia reprobata intelleguntur -- de quibus et Esaias loquitur dicens: Quo mihi multitudinem sacrificiorum vestrorum, dicit dominus, quoniam et si adtuleritis mihi, inquit, similam, vanum supplicamentum execramentum mihi est, et adhuc dicit: Holocaustomata et sacrificia vestra et adipem hircorum et sanguinem taurorum nolo, nec si veniatis videri mihi; quis enim exquisivit ista de manibus vestris? --, ita sacrificia spiritalia accepta praedicantur, ut prophetae adnuntiant. [7] Carnalia vero sacrificia, de quibus praedicatum est: Non est mihi voluntas in vobis, dicit dominus, sacrificia non accipiam de manibus vestris, quoniam ab oriente sole usque in occidentem nomen meum clarificatum est in omnibus gentibus, dicit dominus. De spiritalibus vero sacrificiis addit dicens: Et in omni loco sacrificia munda offerunt nomini meo, dicit dominus.
Translation
Hide
Contre les Juifs
V.
Nous démontrons encore par là que les oblations de la miséricorde et les sacrifices spirituels avaient été prédits. En effet, les sacrifices terrestres du fils aîné, c'est-à-dire d'Israël, nous sont figurés dès le berceau du monde par les offrandes de Caïn, tandis que nous trouvons dans celles du fils le moins âgé, d'Abel, c'est-à-dire de notre peuple, des sacrifices d'une autre nature. L'aîné présentait au Seigneur « les premiers fruits de la terre. Abel, qui était le plus jeune des deux, présentait aussi les premiers-nés de son troupeau. Le Seigneur regarda Abel et ses dons; mais il ne regarda ni Caïn ni ses dons. Et le Seigneur dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité et ton visage abattu? Si tu fais bien, n'en recevras-tu pas le salaire? Si au contraire tu partages d'une manière inégale, n'as-tu pas péché? Calme ta colère. Ton péché se tournera contre toi; mais tu peux encore le dominer. Et alors Caïn dit à Abel, son frère : Sortons. Et lorsqu'ils étaient dans la campagne, Caïn s'éleva contre son frère Abel et le tua. Et le Seigneur dit à Caïn : Où est Abel, ton frère? Caïn répondit : Je ne sais. Suis-je le gardien de mon frère? Et le Seigneur lui dit : Qu'as-tu fait? La voix du sang de ton frère cric de la terre jusqu'à moi. Voilà pourquoi tu seras maudit maintenant sur celte terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir le sang de ton frère, versé par ta main; tu seras toujours tremblant et gémissant sur la terre. Et Caïn dit au Seigneur : Mon iniquité est trop grande pour que je puisse mériter le pardon. Voilà que vous me rejetez de la face de la terre, et je fuirai votre présence, et je serai gémissant et tremblant sur la terre, et quiconque me trouvera, me tuera. » Nous remarquons par là que les deux sacrifices des deux peuples avaient été figurés dès l'origine. Enfin, lorsque Moïse consignait dans le Lévitique les prescriptions sacerdotales, nous y trouvons qu'il était enjoint au peuple d'Israël de n'offrir des sacrifices en aucun autre lieu que dans la terre de la promesse, que le Seigneur Dieu devait donner au peuple d'Israël et à ses frères, afin que quand Israël y serait introduit, il y célébrât des sacrifices et des holocaustes, tant pour les péchés que pour les âmes; mais jamais ailleurs que dans la terre sainte. Pourquoi donc l'Esprit annonce-t-il ensuite, par la bouche des prophètes, qu'un jour des sacrifices seront offerts sur toute la face de la terre et en tout lieu, ainsi que le prédit Malachie, un de ces douze anges que nous appelons prophètes? « Je ne prendrai plus de présents de votre main. Car depuis le lever du soleil jusqu'à son couchant, mon nom est grand parmi les nations, dit le Seigneur tout-puissant; l'on sacrifie en tout lieu, et une oblation pure est offerte à mon nom. » David, dans les psaumes, tient le même langage : « Nations, apportez vos hommages à Dieu : » oui sans doute, parce que la prédication des Apôtres devait retentir sur toute la terre. « Rendez à Dieu gloire et honneur; offrez des sacrifices à son nom : prenez vos offrandes, et entrez dans son sanctuaire. » En effet, qu'il faille apaiser Dieu par les sacrifices de l'esprit et non par ceux de la terre, nous le lisons ainsi : « Un cœur contrit et humilié est l'offrande qui plaît à Dieu. » Et ailleurs : « Offrez à Dieu un sacrifice de louanges, et rendez au Très-Haut vos hommages. » Ainsi, voilà un sacrifice spirituel de louanges annoncé formellement, et « un cœur contrit et humilié est l'offrande qui plaît au Seigneur. » Conséquemment, d'une part, réprobation des sacrifices charnels dont Isaïe parle en ces termes : « Quel fruit me revient-il de la multitude de vos victimes, dit le Seigneur? » et de l'autre, promesses d'un sacrifice spirituel et agréable au Seigneur, comme l'annoncent les prophètes : « Quand même vous m'offririez de la farine de froment, vos sacrifices sont inutiles; je les ai en horreur. » Il ajoute encore : « Qu'ai-je besoin de vos holocaustes, de la graisse de vos animaux, du sang des génisses, des agneaux et des boucs? Lorsque vous tendrez les mains, je ne vous exaucerai point. Qui a demandé ces offrandes à vos mains? » Ecoutez, au contraire, ce qu'il dit des sacrifices spirituels : «Des sacrifices purs et sans tache seront offerts à mon nom en tout lieu, dit le Seigneur. »