Edition
Masquer
De resurrectione carnis
III.
[1] Est quidem et de communibus sensibus sapere in dei rebus, sed in testimonium veri, non in adiutorium falsi, quod sit secundum divinam, non contra divinam dispositionem. Quaedam enim et naturaliter nota sunt, ut immortalitas animae penes plures, ut deus noster penes omnes. [2] Vtar ergo et sententia Platonis alicuius pronuntiantis, 'Omnis anima immortalis': utar et conscientia populi contestantis deum deorum: utar et reliquis communibus sensibus qui deum iudicem praedicant, 'Deus videt' et 'Deo commendo'. [3] At cum aiunt 'Mortuum quod mortuum' et 'Vive dum vivis' et 'Post mortem omnia finiuntur, etiam ipsa', tunc meminero et cor vulgi cinerem a deo deputatum et ipsam sapientiam saeculi stultitiam pronuntiatam, tunc si haereticus ad vulgi vitia vel saeculi ingenia confugerit, 'Discede dicam ab ethnico, haeretice: etsi unum estis omnes qui deum fingitis, dum tamen hoc in Christi nomine facis, dum Christianus tibi videris, alius ab ethnico es: redde illi suos sensus, quia nec ille de tuis instruitur: [4] quid caeco duce niteris si vides? Quid vestiris a nudo si Christum induisti? Quid alieno uteris clipeo si ab apostolo armatus es? Ille a te potius discat carnis resurrectionem confiteri quam tu ab illo diffiteri: quia si et a Christianis negari eam oporteret sufficeret illis de sua scientia non de vulgi ignorantia instrui.' [5] Adeo non erit Christianus qui eam negabit quam confitentur Christiani, et his argumentis negabit quibus utuntur non Christiani. [6] Aufer denique haereticis quae cum ethnicis sapiunt, ut de scripturis solis quaestiones suas sistant, et stare non poterunt. Communes enim sensus simplicitas ipsa commendat et compassio sententiarum et familiaritas opinionum, eoque fideliores existimantur quia nuda et aperta et omnibus nota definiunt: ratio autem divina in medulla est, non in superficie, et plerumque aemula manifestis.
Traduction
Masquer
De la résurrection de la chair
III.
Sans doute on peut, même par les lumières naturelles, pénétrer dans les choses de Dieu, mais pour rendre témoignage à la vérité, non pour appuyer l'imposture, en se conformant aux dispositions divines, au lieu de les contredire. La nature à elle seule nous éclaire sur certains dogmes; sur l'immortalité de l'âme, familière à la plupart; sur l'existence de Dieu que presque tous connaissent. Je dirai donc avec un Platon: « Toute âme raisonnable est immortelle. » J'invoquerai encore la conscience du peuple qui jure par le Dieu des dieux; enfin je ferai un appel à toutes les autres lumières naturelles qui témoignent que Dieu est un juge: « Dieu me voit; je me recommande à Dieu. » Mais quand on me dit: « Ce qui est mort est bien mort: vivez pendant que vous vivez; tout finit avec la mort, la mort elle-même, » alors je me souviens que le cœur de l'homme, quoiqu'il soit l'ouvrage de Dieu, n'est que cendre, et que la sagesse du monde a été déclarée une folie. Que si l'hérétique se réfugie dans les désordres du vulgaire ou les imaginations du siècle: Hérétique, lui dirai-je, cesse de faire cause commune avec le païen. Quoique vous vous ressembliez tous, vous qui vous forgez un dieu à votre fantaisie, du moment que tu le fais, au nom du Christ, chrétien encore à tes propres yeux, tu n'as rien de commun avec le païen. Rends-lui ses sentiments, puisqu'il n'est pas formé avec les tiens! Pourquoi te laisser conduire par un aveugle, si tu as des yeux? Pourquoi te laisser vêtir par la nudité, si tu as revêtu Jésus-Christ? Pourquoi te servir du bouclier d'autrui, si tu as été armé par l'apôtre? Que le païen apprenne de toi à confesser la résurrection de la chair, plutôt que toi à la désavouer d'après lui: parce que si les Chrétiens devaient, la nier, ils auraient assez de leurs lumières sans recourir à l'ignorance de la multitude. Tant il est vrai qu'on n'est pas chrétien quand on nie une vérité que confessent les Chrétiens, et surtout qu'on la nie avec des arguments dont se sert quiconque n'est pas chrétien. Enfin enlevez |440 aux hérétiques les raisonnements qui leur sont communs avec les païens, afin qu'ils appuient leurs propositions par les Ecritures seulement, dès-lors ils ne pourront résister. Le principal caractère du sens commun, c'est la simplicité elle-même, c'est une association de mêmes sentiments, c'est une communauté d'opinions; et il est réputé d'autant plus fidèle qu'il propose des vérités nues, évidentes et connues de tout le monde. La raison divine, au contraire, pénètre au fond des choses sans s'arrêter à la surface, quelquefois même elle contredit les apparences.