Edition
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Ad Scapulam
IV.
[1] Non te terremus, qui nec timemus; sed uelim, ut omnes saluos facere possimus, monendo mh_ qeomaxei=n. Potes et officio iurisdictionis tuae fungi et humanitatis meminisse, uel quia et uos sub gladio estis. [2] Quid enim amplius tibi mandatur quam nocentes confessos damnare, negantes autem ad tormenta reuocare? Videtis ergo quomodo ipsi uos contra mandata faciatis, ut confessos negare cogatis. Adeo confitemini innocentes esse nos, quos damnare statim ex confessione non uultis. Si autem contenditis ad elidendos nos, iam ergo innocentiam expugnatis. [3] Quanti autem praesides, et constantiores et crudeliores, dissimulauerunt ab huiusmodi causis! ut Cincius Seuerus, qui Thysdri ipse dedit remedium, quomodo responderent Christiani ut dimitti possent; ut Vespronius Candidus, qui Christianum quasi tumultuosum ciuibus suis satisfacere dimisit; ut Asper, qui modice uexatum hominem et statim deiectum, nec sacrificium compulit facere, ante professus inter aduocatos et adsessores, dolere se incidisse primum in hanc causam. Pudens etiam missum ad se Christianum, in elogio concussione eius intellecta, dimisit, scisso eodem elogio, sine accusatore negans se auditurum hominem secundum mandatum. [4] Haec omnia tibi et de officio suggeri possunt, et ab eisdem aduocatis, qui et ipsi beneficia habent Christianorum, licet acclament, quae uolunt. [5] Nam et cuiusdam notarius, cum a daemone praecipitaretur, liberatus est; et quorumdam propinquus et puerulus; et quanti honesti uiri (de uulgaribus enim non dicimus) aut a daemoniis aut ualetudinibus remediati sunt! Ipse etiam Seuerus, pater Antonini, Christianorum memor fuit. Nam et Proculum Christianum qui Torpacion cognominabatur, Euhodiae procuratorem, qui eum per oleum aliquando curauerat, requisiuit et in palatio suo habuit usque ad mortem eius; quem et Antoninus optime nouerat, lacte Christiano educatus. [6] Sed et clarissimas feminas et clarissimos uiros Seuerus, sciens huius sectae esse, non modo non laesit, uerum et testimonio exornauit, et populo furenti in nos palam restitit. Marcus quoque Aurelius in Germanica expeditione Christianorum militum orationibus ad Deum factis imbres in siti illa impetrauit. Quando non geniculationibus et ieiunationibus nostris etiam siccitates sunt depulsae? Tunc et populus acclamans Deo deorum, qui solus potens. In Iouis nomine Deo nostro testimonium reddidit. [7] Praeter haec depositum non abnegamus, matrimonium nullius adulteramus, pupillos pie tractamus, indigentibus refrigeramus, nulli malum pro malo reddimus. Viderint, qui sectam mentiuntur, quos et ipsi recusamus. Quis denique de nobis alio nomine queritur? Quod aliud negotium patitur Christianus, nisi suae sectae, quam incestam, quam crudelem tanto tempore nemo probauit? [8] Pro tanta innocentia, pro tanta probitate, pro iustitia, pro pudicitia, pro fide, pro ueritate, pro Deo uiuo, cremamur; quod nec sacrilegi, nec hostes publici, uerum nec tot maiestatis rei pati solent. Nam et nunc a praeside Legionis, et a praeside Mauritaniae uexatur hoc nomen, sed gladio tenus, sicut et a primordio mandatum est animaduerti in huiusmodi. Sed maiora certamina maiora sequuntur praemia.
Traduction
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À Scapula
IV.
Loin de nous la pensée de chercher à t'épouvanter, nous qui n'avons peur de personne! mais nous voudrions sauver tous les hommes, en les persuadant de ne pas s'attaquer à Dieu. Ne pourrais-tu pas, tout en remplissant les devoirs de la magistrature, rester fidèle à l'humanité, puisque vous aussi vous êtes sous le glaive? Condamner les coupables qui avouent, appliquer à la torture les coupables qui nient; la loi n'exige rien de plus. Or, n'êtes-vous pas les premiers infracteurs de la loi, en torturant ceux qui avouent pour les contraindre à nier? Tant il est vrai que vous proclamez notre innocence quand vous ne voulez pas nous frapper sur notre simple déclaration.
Direz-vous que vous voulez nous écraser? mais alors vous faites donc à l'innocence une guerre à mort! Combien de magistrats, plus affermis que toi dans la haine et d'ailleurs moins humains, ont essayé d'étouffer ces iniques procédures! Ainsi Cincius Sévérus était le premier à suggérer aux Chrétiens de Thisdrum des réponses évasives pour les dérober à la mort. Ainsi Vespronius Candidus affecta de ne regarder un Chrétien que comme un homme remuant, et se contenta d'une espèce d'amende honorable envers les citoyens. Ainsi Asper, après avoir appliqué à une torture légère un des nôtres, le détacha promptement du chevalet, sans le contraindre à sacrifier. Il avait dit auparavant aux avocats et aux assesseurs qu'il déplorait de s'être engagé dans ces malheureux débats. Prudens eut même l'adresse de faire glisser dans l'acte d'accusation d'un Chrétien qu'on lui amenait, un grief de concussion. Comme il ne se trouvait pas de témoin pour soutenir l'inculpation, il déclara que, selon le texte de la loi, il ne pouvait donner suite au procès.
Tu pourrais puiser dans ta charge la même indulgence. Tu aurais même, pour t'y encourager, les avocats et les assesseurs, qui, malgré leurs clameurs et leur emportement, jouissent des bienfaits des Chrétiens. Un greffier que le démon, dont il était possédé, poussait vers un abîme, fut délivré par l'exorcisme de l'un de nous. A celui-ci je pourrais joindre plusieurs de leurs proches ou de leurs enfants au berceau. Sans citer ici des noms vulgaires, combien de personnages distingués ont été guéris par nous de l'obsession des démons ou de la violence des maladies? Sévère lui-même, père d'Antonin, eut lieu de se souvenir des Chrétiens. Il fit venir Proculus, surnommé Tropacion, intendant d'Euhodie, qui l'avait guéri autrefois par l'huile sainte; il le nourrit et le logea dans son palais jusqu'à sa mort. Antonin-le-Pieux le connaissait parfaitement, puisque lui-même avait sucé le lait chrétien. Il y a plus. Ce même Sévère informé que des hommes et des femmes de la plus haute distinction avaient embrassé le Christianisme, au lieu de les persécuter, porta témoignage en leur faveur et les protégea publiquement contre les violences populaires. Marc-Aurèle aussi, dans son expédition contre les Germains, obtint, par les prières des soldats chrétiens, une pluie bienfaisante qui sauva l'armée, travaillée par la soif. Combien de fléaux semblables détournés par nos jeûnes et nos adorations! Toutes les fois que la multitude s'écrie: AU DIEU DES DIEUX QUI SEUL EST PUISSANT, c'est à notre Dieu qu'elle rend hommage sous ce nom de Jupiter. Est-ce tout? Jamais nous ne nions un dépôt; jamais nous ne souillons par l'adultère la couche nuptiale; nous traitons avec charité les pupilles; nous nourrissons les indigents; nous ne rendons à personne le mal pour le mal. Tant pis pour ceux qui mentent à leur religion! Nous sommes les premiers à les désavouer pour les nôtres. Quel citoyen se plaint de nous à un autre titre? où sont les procès intentés au Chrétien, si ce n'est à cause de sa foi? Depuis si longtemps qu'elle existe, pas un ennemi qui ait pu la convaincre d'inceste ou de sacrilège. C'est pour notre innocence, pour notre probité exemplaire, pour la justice, la pudeur, la foi, la vérité; c'est pour le Dieu vivant qu'on nous livre aux flammes, tandis que les bûchers ne châtient ni les sacrilèges véritables, ni les ennemis publics, ni ces milliers d'hommes que poursuit l'accusation de lèse-majesté. Aujourd'hui encore un gouverneur de Léon et un proconsul de Mauritanie persécutent le nom chrétien, mais seulement jusqu'au glaive, ainsi que le veut la loi dans l'origine.